Attar préfère l’endettement à l’épuisement des réserves de change
Dans un entretien au quotidien arabophone EL Khabar, l’ancien PDG de Sonatrach et ancien ministre des ressources en eau, Abdelmadjid Attar vient d’attirer l’attention sur une question économique des plus sensibles et qui est généralement mal posée en Algérie. En effet, les déclarations de certains responsables allant dans le sens du recours des entreprises à l’endettement extérieur pour financer leurs projets ont été mal accueillies par certains médias et certains politiques qui aiment à se présenter comme les « gardiens du temple ». Ces mêmes opposants n’hésitent pas à critiquer le gouvernement quand il décide de surseoir à certains projets ou quand il recourt à la rationalisation des dépenses publiques.
Or si on veut que le gouvernement ne touche pas aux projets d’investissement ni à la politique sociale, il faut bien trouver une réponse à la question : Où trouver l’argent ? Les recettes budgétaires sont en baisse en raison de la baisse de la manne pétrolière. La mobilisation d’autres ressources hors hydrocarbures demande des années. Reste la solution de facilité : la ponction des réserves de change qui ont diminué de 25% en un an et qui vont baisser à 150 milliards de dollars à la fin de l’année. A ce rythme et si le gouvernement continue à les mobiliser pour faire face à la baisse des recettes pétrolières, ces réserves s’épuiseront d’ici 2018. L’épuisement des réserves de change pénalisera doublement l’Algérie. D’une part, quand l’Algérie n’aura plus de réserves, les emprunts sur le marché financier international lui coûteront plus cher. D’autre part, l’épuisement progressif des réserves de change aura un impact négatif sur la valeur de la monnaie nationale.
C’est pour éviter la dévaluation continue de la monnaie nationale et ses conséquences financières et économiques que Abdelmadjid Attar préfère l’endettement extérieur à l’épuisement des réserves de change. En effet, tant que l’Algérie a encore un matelas de réserves de change important, il serait plus intelligent de recourir à l’emprunt pour financer les projets les plus urgents et les plus rentables à moyen terme. Pour rappel, un autre expert économique, Mustapha Mékidèche préfère pour sa part mobiliser d’abord l’emprunt national avant de se tourner vers l’endettement extérieur. Reste à savoir si les conditions de mobilisation des capitaux disponibles à l’intérieur sont réunies pour pouvoir compter sur cette solution à court terme. Si le gouvernement pouvait prendre des mesures courageuses en vue d’arrêter la saignée que constituent les pratiques de surfacturation des importateurs algériens qui se traduisent chaque année par une fuite de capitaux de plusieurs milliards de dollars, les finances publiques seraient déjà en meilleure situation.