Fortes pressions américaines sur l’Algérie avant la visite de Tebboune à Moscou
07.12.2022. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu mardi à Alger, le Coordinateur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord au Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, M. Brett McGurk, indique un communiqué de la Présidence de la République.
L’audience s’est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ramtane Lamamra, du Conseiller auprès du Président de la République chargé des Affaires en lien avec la défense et la sécurité, M. Boumediene Benattou, et du directeur général de la documentation et de la sécurité extérieure, le général-major M’henna Djebbar, du côté algérien. Ont assisté à la rencontre, du côté américain, la sous-secrétaire d’Etat américaine aux Affaires étrangères, Mme Yael Lambert, et l’ambassadrice des Etats-Unis en Algérie, Mme Elizabeth Moore Aubin. Dans une déclaration à la presse à l’issue de l’audience que lui a accordée le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune au siège de la Présidence de la République, le responsable américain s’est dit heureux d’être en Algérie et d’avoir rencontré le Président Tebboune, une rencontre qu’il a qualifiée de « fructueuse et constructive ».
De son côté, le Général d’Armée Saïd Chanegriha, Chef d’Etat-Major de l’Armée nationale populaire (ANP), a reçu mardi en audience, le Coordinateur américain du Conseil de sécurité nationale, pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Brett H. McGurk, indique un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN). « Lors de cette rencontre, à laquelle ont pris part des Officiers Généraux du ministère de la Défense nationale et de l’Etat-Major de l’Armée nationale populaire, ainsi que les membres de la délégation militaire américaine, les deux parties ont tenu des discussions sur l’état de la coopération bilatérale entre les deux pays, ont examiné les moyens de sa consolidation et ont également évoqué le contexte sécuritaire aux plans international et régional », a ajouté la même source.
Ce n’est un hasard si la visite des responsables américains a lieu à un moment où des voix au sein du Congrès américain et du Parlement européen s’élèvent en vue d’imposer des sanctions contre l’Algérie sous prétexte qu’elle participe au renforcement de la Russie par ses importations d’armements en provenance de ce pays. Cette visite survient également à un moment où le président Tebboune se prépare à effectuer une visite officielle à Moscou à l’invitation du président Poutine, visite durant laquelle, selon des sources proches des renseignements français, un gros contrat d’armements sera signé entre les deux pays. Au-delà des campagnes de désinformation des sites connus pour leur hostilité à l’Algérie, il est indéniable que l’Algérie subit ces derniers mois de fortes pressions américaines pour la dissuader d’aller plus loin dans sa coopération militaire avec Moscou. Mais les responsables américains savent qu’un pays comme l’Algérie ne peut pas changer la structure de sa panoplie défensive en un an ni en cinq ans sans compromettre son système de défense surtout que les Américains eux-mêmes ont refusé il y a une dizaine d’années de vendre à l’Algérie des drones de reconnaissance et d’attaque qu’ils n’ont pas hésité à fournir récemment au Maroc. C’est pourquoi les pressions américaines ne peuvent tout au plus que pousser dans le sens d’une diversification des sources d’armements, ce que l’Algérie a commencé à faire depuis plusieurs années en partant de ses propres considérations internes, en se dirigeant notamment vers la Chine, l’Allemagne l’Italie et plus récemment la Turquie sans abandonner complètement la piste russe.
Mohamed Merabet