France : Le syndicat de l’enseignement secondaire dénonce le ciblage de la religion musulmane

Protesters hold a banner during a demonstration against a bill dubbed as "anti-separatism" and islamophobia in Paris on March 21, 2021. - A divisive debate takes place in France about what French President has termed "Islamist separatism," in which Islamists are said to be flouting French laws in closed-off Muslim communities and fuelling terror attacks on French soil. The lower house of parliament approved a tough draft law that will extend the state's powers to shut down religious groups judged to be extremist. (Photo by Alain JOCARD / AFP)

22.05.2023. Une nouvelle fois, l’Etat français vient de donner la preuve que la laïcité qu’il affiche est à géométrie variable puisqu’elle semble s’appliquer spécialement aux manifestations de la religion musulmane à l’exclusion des autres religions. Les services de renseignement français auraient demandé à des établissements scolaires la liste des élèves qui se sont absentés lors de la fête de l’Aïd El-Fitr.

Cet acte discriminatoire et attentatoire à la loi sur la laïcité n’a pas manqué de susciter la réprobation de plusieurs syndicats et associations de défense des droits de l’Homme. « On est vraiment sur une forme de ciblage de la religion musulmane qui nous interpelle », a fustigé Sophie Vénétitay, la secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, ce lundi sur franceinfo, après l’évaluation du taux d’absentéisme constaté à l’occasion de l’Aïd al-Fitr demandé par le Ministère de l’Intérieur « dans certaines académies, aux chefs d’établissements ».

Dans l’académie de Toulouse, des policiers ont demandé aux chefs d’établissements scolaires de Toulouse, par mail, de leur indiquer le nombre d’élèves absents le jour de la fête de la fin du ramadan pour les musulmans, célébrée le 21 avril dernier. « On se demande ce qu’ils voulaient faire de ces statistiques », s’est interrogée Sophie Vénétitay. Dimanche soir, face à l’indignation suscitée par la pratique, la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté Sonia Backès a indiqué dans un communiqué que « le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer étudie régulièrement l’impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire. (…) Un communiqué d’une grande légèreté », a cinglé la secrétaire générale du SNES-FSU, en insistant sur le fait de ne pas avoir eu « écho de telle enquête dans nos établissements scolaires pour quelque fête religieuse que ce soit ».

Sophie Vénétitay demande au ministère de l’Intérieur de « dire clairement ce qui a été fait. (…) Est-ce une initiative isolée ? Est-ce que ça a été commandé par le ministre de l’Intérieur lui-même ? », a-t-elle questionné. Si le rectorat de Toulouse a pris ses distances par rapport à la place Beauvau en indiquant que la demande des policiers avait été faite directement aux établissements concernés, sans l’aval du rectorat de Toulouse, Sophie Vénétitay exige du ministère de l’Éducation nationale qu’il prenne « clairement et officiellement » ses « distances par rapport à cette enquête. (…) Une liste de fêtes religieuses pour lesquelles les élèves peuvent s’absenter » existe, rappelle la syndicaliste. « L’État n’a pas à aller s’immiscer dans ce que font les enfants, les élèves et les familles en la matière », a-t-elle ajouté (France-Info)