La DGDSE fait l’objet d’une grave campagne de déstabilisation
Il y a quelques jours, nous mettions en garde contre la nouvelle campagne de désinformation visant l’ANP à travers les réseaux sociaux à un moment où cette dernière doit face face aux graves développements que connaît la crise libyenne dont les conséquences sur la sécuritaire nationale algérienne ne sont plus à démontrer. Aujourd’hui, les spécialistes de l’intoxication médiatique ne se contentent plus de cibler les institutions de l’Etat algérien en général puisqu’ils n’hésitent pas à s’attaquer désormais au coeur du dispositif sécuritaire algérien: le renseignement extérieur, chargé de fournir aux décideurs algériens les informations et les analyses indispensables à la confection de positions diplomatiques adéquates au service des intérêts stratégiques du pays. En effet, la campagne de désinformation et de déstabilisation des institutions de l’Etat algérien vient de franchir récemment une nouvelle étape particulièrement dangereuse.
Un site basé à Paris, dirigé par un journaliste algérien exfiltré en France en 2018 par des proches de Said Bouteflika pour mener une campagne en faveur du cinquième mandat et qui est devenu depuis le porte-parole attitré d’un clan algérois désireux de revenir aux affaires, vient de s’attaquer directement à la Direction générale de la documentation et de sécurité extérieure (DGDSE) dirigée par le général-major Mohamed Bouzit. De graves accusations ont été lancées contre la DGDSE. Cette dernière aurait, selon ce site, induit en erreur la Présidence de la république et le Ministère des affaires étrangères par des informations et des analyses fausses sur les situation en Libye. Pire, la DGDSE est accusée d’avoir coopéré secrètement avec les services secrets turcs au point d’irriter la Russie dont le ministre des affaires étrangères n’a pas hésité à le faire savoir lors de sa dernière rencontre avec son homologue algérien à Moscou. Toujours selon ce site, le président de la république aurait été convaincu par ses conseillers de chercher un nouveau responsable à la tête de la DGDSE. Le général Abdelhamid Bendaoud serait pressenti pour remplacer le général-major Bouzit à la tête du renseignement extérieur. Le général Bendaoud n’est pas un inconnu dans le monde du renseignement algérien. Il avait officié par le passé sous les ordres du général Toufik, et avait dirigé durant des années les bureaux de sécurité à Paris et Genève. Il était également connu pour être très proche de la famille Bouteflika, ce qui en dit long sur les véritables tenants et aboutissants de la campagne de déstabilisation visant aujourd’hui la DGDSE.
Les analystes que nous avons interrogés ne croient pas du tout à cette version des faits. Pour Mohamed Tahar Bensaada de l’Institut Frantz Fanon: « Le président de la république peut à tout moment changer le patron du renseignement extérieur même si la conjoncture actuelle ne se prête guère à un changement qui pourrait affecter la stabilité et la continuité d’un service qui est en première ligne dans le suivi quotidien des développements de la crise libyenne. Par ailleurs, s’il devait y avoir un changement ce ne serait pas à cause du motif invoqué. En effet, si la position diplomatique de l’Algérie qui insiste sur l’équidistance à l’égard des protagonistes de la crise libyenne peut parfois être mal interprétée d’un côté comme de l’autre, il serait mal venu de la part de la Russie de reprocher à l’Algérie un quelconque alignement sur la Turquie dans la mesure où le double jeu russe dans cette crise constitue précisément la variable la plus compliquée dans ce conflit qui pourrait expliquer par exemple la prudence de l’Egypte. » « La versatilité des acteurs internationaux impliqués dans le conflit libyen est telle que n’importe quel service de renseignements doit avant tout faire preuve d’une réactivité à toute épreuve et fonder ses propositions d’action sur la base de multiples scénarii. » conclut le spécialiste en relations internationales.
Mohamed Merabet