La France terrifiée par la perspective d’une déstabilisation de l’Algérie
Comment la France va-t-elle réagir à la montée de la tension politique en Algérie ? La perspective inquiétante d’une déstabilisation de l’Algérie suite à la contestation populaire du cinquième mandat ne laisse visiblement pas indifférents les dirigeants de la France, un des principaux partenaires internationaux de notre pays. Dans une récente contribution, le journaliste spécialisé dans les questions algériennes, Vincent Jauvert, écrit dans le Nouvel Obs qu’ « Une déstabilisation de l’Algérie à la suite de la mort du président Bouteflika ou d’une révolte est depuis longtemps l’angoisse première de l’Elysée et des services français de sécurité. »
Le journaliste français est revenu sur des confidences reçues il y a quelques semaines dans l’entourage du président français: « C’était début février. Nous demandions à un haut responsable français ce qui inquiétait le plus Emmanuel Macron. Une nouvelle crise financière ? Une cyberattaque massive des Russes ? Des frappes américaines sur l’Iran ? « Vous n’y êtes pas », a répondu ce personnage central de la macronie. « Le cauchemar du président de la République, c’est l’Algérie. C’était aussi celui de ses prédécesseurs. Les plus hautes autorités de l’Etat sont terrifiées par la perspective d’une grave déstabilisation de notre ancienne colonie après la mort de Bouteflika« . Citant un document confidentiel du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie du Quai d’Orsay, le journaliste rappelle les trois facteurs réunis qui peuvent constituer un motif de déstabilisation grave des pays, comme l’Algérie, où la France a des intérêts énormes à préserver : « l’âge avancé du dirigeant ; la concentration excessive du pouvoir ; l’absence de mécanisme de succession. »
Mais en ce qui concerne l’Algérie, le journaliste ajoute que la France redoute d’autant plus une déstabilisation grave à cause de quatre facteurs d’ordre économique, social et politique : la dépendance à l’égard du gaz algérien, le risque de voir une vague incontrôlée d’immigration de jeunes Algériens, la présence d’une forte communauté algérienne en France qui reste sensible à ce qui passe de l’autre côté de la Méditerranée et enfin le risque de voir apparaître une nouvelle mouvance djihadiste qui pourrait menacer directement la France. Bien-sûr, le journaliste français reste muet sur les tentatives sournoises d’ingérence française dans la politique algérienne puisque la France n’a jamais cessé de soutenir ouvertement des hommes d’affaires comme le milliardaire Issad Rebrab, des responsables politiques comme Ahmed Ouyahia et Nouria Benghabrit, sans parler des courants pseudo-démocratiques et berbéristes qui ont un pied dans le pouvoir et un autre dans l’opposition.
Mohamed Merabet