La Rapporteure de l’ONU dénonce les atteintes dont sont victimes les défenseurs des droits humains en Algérie
07.12.2023. « Tout en saluant les réformes évidentes ayant eu lieu au cours des quatre dernières années et le nouvel accent mis sur la participation citoyenne, je regrette que certains défenseurs des droits de l’homme travaillant sur des sujets sensibles subissent des restrictions constantes », a déclaré la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, dans un communiqué publié à l’issue d’une visite officielle en Algérie.
L’experte de l’ONU a observé quatre principaux types de violations utilisées pour empêcher les défenseurs des droits humains d’exercer leur travail : un harcèlement judiciaire constant, la dissolution des principales organisations de défense des droits de l’homme, des restrictions sur la liberté de mouvement, ainsi que des pratiques d’intimidation et de surveillance ayant de graves répercussions sur la santé mentale des défenseurs et de leurs familles. « Je déplore qu’un groupe de défenseurs des droits de l’homme ayant tenté de se rendre à Tizi Ouzou, où je tenais des réunions, en aient été empêchés et aient été détenus durant 10 heures », a-t-elle ainsi déclaré. « Compte tenu de l’histoire récente de l’Algérie, des lois robustes relatives au terrorisme sont manifestement nécessaires », a indiqué l’experte. « Cependant, il est regrettable de constater que les lois conçues pour lutter contre le terrorisme suscitent tant de terreur auprès des défenseurs des droits de l’homme, en raison d’une définition trop large et excessivement vague de ce qui relève du terrorisme dans le Code pénal ». La Rapporteure spéciale a noté que l’Article 87 bis du Code pénal algérien était l’une des lois les plus fréquemment invoquées pour poursuivre les défenseurs des droits de l’homme en justice.
Toutefois, l’experte a déclaré que de nombreuses personnes travaillaient à la protection et à la promotion des droits humains avec le soutien total du gouvernement et des organes consultatifs nouvellement créés dans des domaines tels que les droits de la femme, les droits de l’enfant, l’accès à la santé, la lutte contre la pauvreté et la participation politique. Sur la base de cette collaboration et de cette expérience, la Rapporteure spéciale a estimé que le gouvernement est désormais mieux équipé pour tendre la main aux défenseurs des droits humains qui travaillent sur des questions sensibles. Mme Lawlor a enfin salué l’acquittement de trois défenseurs des droits de l’homme, Jamila Loukil, Kaddour Chouicha et Said Boudour, d’accusations de terrorisme qui pesaient contre eux, devant le tribunal de Dar El Baida, dimanche dernier. « J’espère que cet acquittement marquera le début d’un processus de révision de l’Article 87 bis, et je me tiens à la disposition du gouvernement algérien pour l’assister à cet égard », a-t-elle réagi.
Les observateurs estiment que la visite de la Rapporteuse spéciale des Nations Unies en Algérie ne peut qu’être bénéfique pour la situation des droits de l’Homme dans le pays mais la concrétisation des engagements pris par le gouvernement algérien dans ce domaine ne saurait dépendre uniquement de la bonne volonté de ce gouvernement. La mobilisation des partis politiques, de la société civile et des médias en vue de promouvoir la défense des droits humains en Algérie s’avère plus que nécessaire dans un contexte où les atteintes aux libertés d’expression, d’association et de manifestation sont encore monnaie courante au nom de la sauvegarde de la stabilité et de la sécurité (Algérie solidaire)