La répression contre les manifestants risque d’envenimer la situation
Dans son dernier éditorial, l’organe de l’ANP, El Djeich, est revenu sur les campagnes de certains « agitateurs » et « revanchards » en vue de porter atteinte à la stabilité de l’Algérie. Sans nul doute, la stabilité de l’Algérie n’est pas du goût de certaines puissances que l’indépendance de l’Algérie dérange et ces puissances n’hésitent pas à instrumentaliser à l’intérieur du pays et dans la diaspora des groupes et des individus frustrés et aigris qui acceptent de se vendre au premier venu pour étancher leur soif de revanche et de pouvoir. L’éditorialiste d’El Djeich a également raison de rappeler que l’Algérie finira par avoir raison contre ses détracteurs en s’appuyant à la fois sur la disponibilité de l’ANP et sur l’engagement civique et patriotique des Algériens qui restent dans leur grande majorité attachés à l’intégrité de l’Algérie.
En mettant l’accent sur cette double exigence (disponibilité de l’armée d’un côté et mobilisation citoyenne de l’autre), l’éditorial d’El Djeich rappelle à juste titre que les défis sécuritaires immenses que l’Algérie doit affronter dans la conjoncture actuelle exigent un front intérieur solide. Aucune armée, quelle que soit sa force, ne saurait faire face à ce genre de défi sans le soutien indéfectible de la population. C’est pourquoi, il appartient aux responsables politiques et militaires algériens d’être honnêtes et conséquents avec eux-mêmes. Comment préserver et renforcer ce front interne si par ailleurs, le pouvoir algérien ne trouve rien de mieux à opposer à la révolte des jeunes chômeurs du sud que la répression de ses forces anti-émeutes ?
La stabilité dont parle l’éditorial d’El Djeich est vitale pour l’Algérie. Aucune politique de développement économique et social ne peut réussir en dehors d’un climat de stabilité. Mais il n’est pas dit que cette stabilité sera atteinte par la répression même si parfois cette dernière peut s’avérer nécessaire pour la préservation de l’ordre public et la protection des personnes et des biens. Mais dans le cas de ce qui s’est passé ces derniers jours dans la wilaya de Ouargla, force est de constater que la répression à laquelle ont eu recours les autorités face aux jeunes manifestants était disproportionnée et inadmissible puisqu’elle n’a fait qu’étendre le mouvement de protestation à plusieurs localités. La stabilité ne sera pas garantie par la répression mais par la justice. Si l’Etat algérien est incapable de nettoyer sa bureaucratie de tous les éléments néfastes et de mettre un terme à la politique discriminatoire à l’endroit des wilayas du sud et des Hauts-Plateaux, le peuple algérien n’aura pas d’autre alternative que de se révolter et de lutter pour faire valoir ses droits humains fondamentaux. Les chefs de l’armée algérienne devraient être les premiers à savoir qu’aucune répression ne pourra venir à bout de la volonté d’un peuple qui réclame son droit à la dignité.
Mohamed Merabet