La restauration de la Casbah a coûté plus cher que la reconstruction de Nuremberg

L’expert allemand en architecture Armin Dürr a déploré mardi à Alger le « temps, précieux, perdu » et les moyens humains et financiers « importants » engagés depuis des années, « sans résultat » selon lui, dans les différentes opérations de sauvegarde de la Casbah d’Alger. S’exprimant au cours de la réunion internationale d’experts sur la conservation et la revitalisation de la Casbah d’Alger, Armin Dürr, qui précise avoir travaillé à la fin des années 1980 en qualité de coopérant en architecture dans la restauration de la Casbah, dit trouver l’état actuel de la vieille médina de la capitale algérienne « assez déprimant ». L’architecte qui est revenu à Alger en 2010 regrette constater que des projets datant de plus de 30 ans, dont certains réalisés sous sa direction, soient « à ce jour dans les cartons », malgré les moyens humains et financiers « importants » dont dispose l’Algérie.

A l’appui de ces affirmations, l’architecte allemand cite les plans élaborés par ses soins en 1987 pour des sites comme « Dar El Ghoula », « toujours pas exécutés ». « A la place des projets de reconstructions, facile à réaliser, j’ai retrouvé des bidonvilles » qui, une fois rasés, laisseront place à des terrains « nus et inexploités », a-t-il expliqué. L’expert a également relevé avec étonnement la « disparition » de certains sites importants, à l’image du Cimetière des Princesses et la « difficulté de trouver (encore aujourd’hui) une maison bien entretenue pour inspirer les restaurateurs », dira-t-il. Il a également pointé du doigt le comportement de certains habitants de cette cité, classée au patrimoine mondial de l’humanité en 1992, qui se conduisent comme des « locataires en transit, dans l’attente d’un logement dit moderne ».

Par ailleurs, affirme l’expert, il est facile de trouver des solutions modernes en matière d’accessibilité de voirie, ou encore de ramassage des déchets, adaptées à la nature du tissu urbain de la Casbah. Outre la restauration du bâti, la vieille cité, surpeuplée, fait face quotidiennement aux problèmes dus à l’activité humaine: ramassage des ordures ménagères, évacuation des eaux usées et autres amoncellement de gravats des maisons effondrées et qui ajoutent à son déclin. A titre comparatif, l’expert allemand a cité l’exemple de Nuremberg (Allemagne), une ville détruite à plus de 80% après la deuxième guerre mondiale et dont « la reconstruction, qui a pris vingt ans, a nécessité  beaucoup moins de moyens financiers que ceux engagés par l’Algérie pour la réhabilitation de la Casbah d’Alger », affirme-t-il.