L’arrestation de Rebrab : un coup dur pour le clan de Toufik
Si l’arrestation des frères Kouninef et auparavant celle de Ali Haddad, s’inscrivent dans le cadre du démantèlement de l’empire financier construit autour du clan Bouteflika, l’arrestation de Issad Rebrab revêt une autre dimension politique plus actuelle. En effet, c’est un secret de polichinelle que le patron du groupe Cevital n’est pas seulement qu’un puissant homme d’affaires. Il est également le bras financier d’un clan qui a été malmené depuis quelques années par des clans rivaux mais qui est resté puissant avec des ramifications au sein de l’Administration, des milieux d’affaires, de la classe politique et dans les médias. Il s’agit du clan de l’ancien patron du DRS dissous, le général Toufik.
Durant les dernières semaines, les réseaux du général Toufik ont repris du service. Leur objectif : utiliser la révolution populaire actuelle comme un marchepied pour reprendre le pouvoir perdu. Ils infiltrent le mouvement populaire et cherchent à placer leurs pions qui se recrutent aussi bien dans la mouvance franco-berbériste qu’au sein de la mouvance islamiste. Pour cela, ils ont besoin d’argent et de relais médiatiques. Rebrab était là pour financer leurs activités souterraines. Bien entendu, le clan de Toufik n’était pas le seul bénéficiaire de la générosité de Rebrab. Ce dernier continuait d’être proche de son ami et beau-frère, le général à la retraite Mohamed Touati qui est resté très influent malgré son éloignement de la présidence de la république. Même s’il arrivait que les deux clans divergent sur leurs choix politiques, ils ont toujours su s’unir quand leur survie était en jeu comme aujourd’hui.
Mais l’arrestation de Rebrab constitue également un coup dur pour la France qui a misé sur lui pour sauver ses intérêts économiques face aux concurrents chinois et européens. L’empire de Rebrab en Algérie n’aurait jamais été possible sans de solides complicités françaises. Il suffit de penser à la surfacturation de ses équipements importés et à ses mouvements de capitaux à l’étranger, autant d’opérations qu’il aurait été impossible de réaliser sans la complicité des autorités françaises. En décidant de frapper Rebrab, la gendarmerie nationale n’a pas seulement frappé la mafia politico-financière algérienne, elle a aussi donné un grand coup à ses sponsors français.
Mustapha Senhadji