Le duo Nezzar-Toufik est-il toujours aussi influent que le prétendent certaines sources ?
La nomination du Général-major M’henna Djebbar à la tête de la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE) a pu être interprétée par certains observateurs comme un indice du retour en force de l’ancien patron de l’ex-DRS dissous, le Général de corps d’armée Mohamed Mediène dit Toufik tant les deux hommes furent très proches durant les longues années où le premier fut un des bras droits du second quand il était à la Direction centrale de la sécurité de l’armée ( DCSA) entre 1995 et 2013. Les rumeurs insistantes sur le retour au pouvoir informel du duo Nezzar-Toufik (entendez par là le rôle qu’ils sont supposés jouer derrière les rideaux) n’ont pas cessé depuis que les deux anciens responsables ont été blanchis des poursuites judiciaires datant du temps de l’ancien patron de l’armée algérienne, feu le Général de corps d’armée, Ahmed Gaïd-Salah.
La cessation des poursuites à l’encontre de ces deux responsables, et de nombreux autres officiers supérieurs par la même occasion, pouvait en même temps être interprétée comme un acte politique visant à favoriser la consolidation des front interne par une sorte de réconciliation générale entre tous les protagonistes de la veille à un moment où l’Algérie se devait de faire face à des défis extérieurs sérieux. C’est l’interprétation qu’on pouvait donner notamment à la distinction par le président de la république de nombreux anciens généraux, dont le duo Nezzar-Toufik, à l’occasion de la célébration du soixantième anniversaire de l’indépendance nationale. Sauf qu’il y a un hic qui ne colle pas avec cette interprétation. Si le pouvoir voulait vraiment arriver à un enterrement de la hache de guerre entre tous les anciens protagonistes de la crise au sommet de l’Etat, pourquoi cette générosité n’a pas touché également les autres généraux et officiers supérieurs qui croupissent toujours dans les geôles militaires à l’instar des anciens généraux Wassini Bouazza et Othmane Benmiloud ?
L’opacité dans laquelle les nominations aux hautes fonctions continuent de se faire risque malheureusement d’égratigner encore plus le faible crédit dont jouissent les institutions en Algérie. Si le président de la république trouve un intérêt à associer le duo Nezzar-Toufik ou d’autres anciens responsables à la conception et à la gestion de la politique sécuritaire de l’Etat, aucune loi ne l’empêche de le faire en toute transparence en leur accordant des fonctions officielles claires et nettes. Les Algériens pourront ainsi apprécier et faire le bilan des politiques sécuritaires mises en place en toute clarté. Les défis immenses que l’Algérie se doit de relever recommandent la mobilisation de toutes les compétences sans exclusive. La seule ligne rouge à ne pas franchir et qui doit déterminer en premier et dernier lieu le choix des personnes aux hautes fonctions de l’Etat reste et doit rester l’atteinte à l’indépendance et à la souveraineté nationales par la compromission avec une puissance étrangère.
Mohamed Merabet