Le gouvernement impuissant devant le casse-tête des importations
Le taux d’ouverture de l’économie algérienne, qui renseigne sur le degré de dépendance du marché national vis-à-vis de l’étranger, est supérieur à 60%, a indiqué lundi à Alger le ministre du Commerce, Mohamed Benmerradi. » Le problème de l’économie nationale est lié aux importations. Le taux d’ouverture de l’économie nationale, qui traduit l’ensemble de ses échanges, est supérieur à 60% car, malheureusement, nous importons beaucoup », a relevé le ministre lors d’un panel sur le commerce et les services organisé en marge de la 26ème Foire de la production algérienne (Le ratio de l’ouverture de l’économie nationale est représenté par la somme des importations et des exportations par rapport au Produit intérieur brut) De ce fait, il a considéré que le pays devrait soit diversifier ses exportations, soit limiter, dans une première étape, ses importations. Même la production nationale est, aujourd’hui, trop dépendante de l’importation du fait qu’elle est à forte composante d’intrants importés, a-t-il observé.
A ce propos, il a relevé qu’au début de la crise financière engendrée par la chute des cours pétroliers depuis juin 2014, les premières mesures prises par les pouvoirs publics en vue d’endiguer les importations étaient d’ordre monétaire en agissant sur la valeur du dinar qui avait glissé de 20%. Mais, a-t-il poursuivi, « la manipulation outre mesure de l’instrument monétaire n’est toujours pas d’un effet positif sur l’ensemble de l’économie d’un pays ». C’est pourquoi, a-t-il expliqué, le gouvernement a mis en place, dans une deuxième étape, des dispositifs de régulation des importations en 2016 à travers les licences d’importation pour certains produits. Néanmoins, a constaté M. Benmerradi, si ce système de licence a permis une baisse des importations des produits concernés, il y a eu, cependant, « un phénomène de déplacement des opérations d’importations vers d’autres postes », qui s’est traduit par une faible baisse des importations par rapport à ce qui était escompté. L’évaluation qui peut être faite sur ce dispositif à la fin de l’année 2017 est que tout en essayant, au niveau du ministère du Commerce, de mettre en place le système le plus transparent possible, « il a été très critiqué parce que cela a parfois entraîné des pénuries et a créé certainement des hausses de prix », a admis le ministre. Selon ses pronostics, l’année 2017 devrait clôturer avec un déficit commercial de 10 milliards de dollars et, probablement, avec un déficit de la balance des paiements de l’ordre de 15 milliards de dollars.
Dans ce sens, il a rappelé les mesures prises récemment avec la suspension d’importation de 851 produits dès 2018 ainsi que les mesures fiscales et douanières prévues par la loi de finances 2018 pour contenir les importations. Sur ce point, il a fait savoir que la décision de suspension d’importation des 851 produits a été prise après que le gouvernement eut été persuadé que la production nationale pourrait les compenser. La liste des 851 produits se compose de 401 produits agricoles et de 450 produits industriels qui ont été importés pour 1,5 milliard de dollars en 2017.D’autre part, le ministre a évoqué le phénomène de surfacturation des importations: « Je ne vais pas jeter un pavé dans la mare, mais les opérations d’importations sont très souvent et de plus en plus suspectes. Nous observons et nous sommes certains qu’il y a un phénomène de surfacturation. Je ne peux vous dire quel est son niveau mais nous y travaillons avec des institutions internationales pour essayer de maîtriser son ampleur ». Le discours du ministre du commerce a au moins le mérite de la franchise mais il illustre l’impuissance du gouvernement devant un casse-tête qui résume à lui seul la fragilité de l’économie algérienne. Une économie dont l’essentiel de la richesse qui provient de la rente est de plus en plus accaparé par une couche d’importateurs parasites qui préfèrent placer leurs capitaux à l’étranger plutôt que de les investir dans le développement du pays.