Le pouvoir a gagné son pari électoral malgré les appels au boycott

Le taux de participation aux dernières élections législatives, estimé à 30%  par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), reste relativement faible même s’il faut tenir compte du contexte particulier dans lequel se sont déroulées ces élections. Ce taux ne manquera pas d’être exploité par les partis qui ont appelé au boycott même s’il ne faut pas confondre boycott et désaffection des citoyens algériens à l’égard de la classe politique dans son ensemble. Le président de la république est revenu sur ces derniers lors de son intervention après avoir effectué son devoir électoral. Il a notamment affirmé à ce sujet : « ceux qui ont choisi le boycott, c’est leur droit, à condition qu’ils n’imposent pas leur décision aux autres, car « tout le monde est libre dans ce pays, mais dans le respect de l’autre ». Dans ce contexte, il a évoqué l’un des principaux fondements de la démocratie qui « veut que la majorité respecte la minorité, mais la décision demeure entre ses mains ».

Après avoir rappelé que voter se veut « un devoir national », le Président Tebboune a évoqué les prévisions concernant les résultats de ces échéances, indiquant à ce propos: « J’ai déjà déclaré que le taux de participation ne m’intéressait pas. Ce qui m’importe est que ceux qui sortiront de l’urne détiennent la légitimité populaire qui leur permettra, demain, d’exercer le pouvoir législatif ». « Je suis toujours optimiste quel que soit le taux de participation », a confié le Président Tebboune, relevant que le taux de participation aux élections législatives est souvent inférieur à celui enregistré lors des élections présidentielles ou d’autres échéances. Concernant les parties qui ont appelé au report des élections, le président de la République a répondu que « des personnes cherchent à imposer leurs diktats sans que nous sachions qui elles représentent. Aucune personne ni aucun groupe ne peut imposer ses diktats à un peuple tout entier ». « Ceux-là sont libres dans leurs déclarations, mais le peuple voulait ces élections et elles ont eu lieu », a-t-il soutenu.

Une chose est sûre, avec un taux de participation à l’échelle nationale de 30%, les forces nihilistes qui tablaient sur une abstention massive ont été démentis par les faits. Même si le taux de participation reste insuffisant, le pouvoir a gagné son pari d’organiser ces élections législatives dans de bonnes conditions puisqu’aucune irrégularité ni aucun incident majeur n’ a été enregistré. Au lendemain de ces élections, il semble bien que les partis qui ont décidé de boycotter ce scrutin soient les premiers perdants. La Kabylie qui a enregistré le taux d’abstention le plus élevé est plus que jamais isolée au sein du pays par la faute des forces politiques irresponsables qui la tiennent en otage. Pire, en raison de l’absence du FFS et du RCD, la wilaya de Béjaïa va envoyer à la future assemblée 8 députés FLN (sur les 9 que compte cette circonscription) ! La wilaya de Tizi Ouzou a sauvé ses meubles en envoyant 4 indépendants (dont 2 proches de l’actuel président de l’APC) mais le FLN et le RND locaux vont envoyer chacun 2 députés à la future assemblée nationale. Les abstentionnistes qui se sont cru malins ont ainsi fait  le jeu de leurs adversaires et vont devoir patienter jusqu’aux prochaines élections même si les observateurs s’attendent à un geste d’ouverture de la part du président de la république qui devrait laisser la porte ouverte aux partis qui ont choisi le boycott mais qui pourraient se raviser et accepter de revenir au dialogue avec le pouvoir s’ils ne veulent pas tout perdre.

Mustapha Senhadji