Le président Tebboune et les défis de l’Algérie nouvelle Par Mohamed Merabet

Le président Tebboune a été élu à la fin de l’année 2019 dans des circonstances exceptionnelles comme on le sait. La crise grave qui menaçait l’Algérie ne pouvait pas attendre. Il fallait refonder les institutions de l’Etat pour éviter un vide constitutionnel aux conséquences dangereuses; En la personne de M. Tebboune, l’Algérie a pu avoir un président à la légitimité constitutionnelle incontestable même si le taux de participation à l’élection présidentielle était en deçà de ce qui était espéré. Si personne ne peut contester la légitimité constitutionnelle du président de la république, sa légitimité populaire demande par contre une amélioration certaine.

Le président Tebboune s’est attelé depuis à conquérir petit à petit cette légitimité populaire qui lui manquait en essayant de réaliser les promesses faites durant sa campagne présidentielle. Trois ans, après, que peut-on dire à ce sujet ? A-t-il réussi ? L’Algérie nouvelle promise n’est toujours pas une réalité. Certes, un tel objectif ambitieux ne saurait se réaliser en trois ans surtout quand on connaît les résistances bureaucratiques qui sont régulièrement dénoncées par le président lui-même. Mais si on veut faire un bilan honnête, il faut reconnaître que le président Tebboune a réussi à imprimer une dynamique nouvelle dans plusieurs secteurs économiques et sociaux qui reste à approfondir par la participation active des des syndicats et des organisations de la société civile. Il a également ouvert plusieurs chantiers sur le front diplomatique qui augurent un bon retour de l’Algérie sur la scène régionale et internationale.

Bien-sûr, au-delà de ce qui reste à faire, il y a aussi des regrets à mentionner notamment sur le terrain des libertés et plus particulièrement de la liberté de la presse. La sauvegarde de la stabilité et des intérêts de l’Etat algérien est tout à fait légitime mais elle peut se faire à notre avis sans les entorses répétées au travail des journalistes. En parlant de ce sujet sensible, nous ne dénions pas à l’Etat algérien le droit de se défendre et de défendre la société algérienne contre les ingérences étrangères sournoises qui utilisent le prétexte des libertés et de la démocratie pour tenter de mettre à genoux notre pays.

Il reste encore deux années au président Tebboune pour tenter de compenser le déficit de légitimité populaire de départ. Les Algériens attendent des actes et des réalisations concrètes sur le front du développement économique et social, sur le front diplomatique et sur le front des libertés. Les luttes de clans qui risquent de s’aiguiser à l’approche de 2024 autour du second mandat du président Tebboune ne nous intéressent pas. Tebboune ou un autre, le plus important pour nous est que l’Algérie continue dans la voie du redressement.

Nous voulons un PIB de 200 milliards de dollars à l’horizon 2024; Nous voulons sortir de de la dépendance aux hydrocarbures par une réorientation conséquente des investissements vers l’agriculture saharienne, l’industrie agroalimentaire et la valorisation industrielle des minerais que recèle le sous-sol algérien. Nous voulons une augmentation substantielle des exportations hors hydrocarbures avec un échéancier concret pour atteindre les 10 milliards de dollars en 2023 et les 30 milliards de dollars en 2030. Nous voulons passer à la vitesse supérieure dans la réalisation du programme national des énergies renouvelables. Nous voulons une redistribution plus équitable du revenu national et la préservation du caractère social de l’Etat algérien. Nous voulons une meilleure protection des libertés démocratiques. Nous voulons que l’Algérie reste fidèle aux principes de non-alignement, de refus de l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats et de soutien à toutes les causes justes de par le monde, qui ont toujours fondé sa politique étrangère. Tout le reste n’est que politique politicienne.

Mohamed Merabet Le 10 janvier 2023