« Liberté » pleure la démilitarisation de l’administration
Sous le titre éloquent « La détoufikisation a commencé », le quotidien Liberté, propriété du milliardaire Isaad Rebrab et un des porte-voix de la minorité culturelle et idéologique inféodée à la France en Algérie, a consacré un article-requiem au dernier épisode de la restructuration du DRS, à savoir le rappel des officiers de ce département qui étaient détachés dans les wilayas et les daïras. « Ce rappel à la caserne des officiers des services de renseignement qui étaient “détachés” à la surveillance des pulsions au niveau des institutions et administrations civiles intervient comme une suite logique au rattachement de nombre de services anciennement partie intégrante du DRS à l’état-major de l’Armée nationale populaire. La mise à la retraite du général Mohamed Mediène, dit Toufik, n’est donc pas la séquence ultime dans les restructurations opérées graduellement depuis deux ans au sein des services des renseignements militaires. La suivante, et certainement pas la dernière, consiste en l’évacuation de la présence des éléments du DRS de la sphère publique. En effet, ses antennes, ainsi que l’ensemble de ses officiers au niveau des institutions publiques et de l’administration ont reçu l’ordre, hier, de rejoindre les casernes sans plus tarder, apprend-on de bonne source, qui précise qu’en fin d’après-midi, l’officier, au grade de colonel, qui était affecté à la wilaya d’Alger, a fait ses cartons.»
Même sous le choc, le journaliste de Liberté garde la tête froide et se rappelle que la mesure exécutée par le nouveau patron du DRS faisait partie des revendications de leur bête noire, le secrétaire général du FLN qui avait bravé l’interdit (sous le paratonnerre de Saïd Bouteflika) de s’attaquer à leur Dieu « La mesure, la première que le nouveau patron du DRS, le général Athmane Tartag, dit Bachir, aura donc prise, a été réclamée, on se le rappelle, par le secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani, qui, au moment de sa bravade et ses attaques contre le général Toufik, dénonçait la présence des officiers du DRS dans les ministères, les wilayas, les daïras et même dans les entreprises économiques »
Le journaliste de Liberté, qui écrit sous l’inspiration de ses donneurs d’ordre désormais sur la défensive, se permet même quelques anticipations amères : « A posteriori, les déclarations de Saâdani peuvent se lire comme autant d’annonces d’actions ultérieures, du moins trahissent-elles les plus significatives des séquences qui doivent se jouer dans ce désormais feuilleton DRS. Et celles attendues dans ce qui apparaît comme une œuvre de “détoufikisation”, comme fut la “déboumediennisation” après la disparition du président Boumediene, apprend-on encore auprès de notre source, se déclineraient en de profondes réaffectations des personnels institutionnels. Les contrecoups de cette “tectonique” au sommet de l’État secouera, pense déceler notre source, le gouvernement. Mais avant des retraites anticipées se signaleraient dans l’univers politique et la sphère économique. Il se dit même qu’une fois cette entreprise achevée, c’est toute la souche-mère, le DRS, en l’occurrence, qui finirait par être dissoute, du moins elle changerait d’appellation ». Il n’y a qu’en Algérie que des journaleux qui s’autoproclament « démocrates » pleurent de toutes leurs larmes la démilitarisation de l’administration…Pauvres démocrates et pauvre Algérie.