Les deux enjeux fondamentaux de la COP 21

La 21e Conférence des Nations Unies sur le climat vient de s’ouvrir ce lundi 30 novembre à Paris. La question essentielle qui attire l’attention des observateurs est : ce sommet arrive-t-il à dépasser le stade des bonnes intentions comme ce fut le cas au sommet de Copenhague en décembre 2009 ? En effet, les délégués de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s’étaient séparés à Copenhague sur un texte minimaliste. Un document de trois pages sans vision commune des moyens à mobiliser pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). Sans mécanisme de de vérification ni de suivi des engagements des Etats. Sans portée juridique, les négociateurs se contentant de « prendre note » de la déclaration politique arrachée après douze jours d’intenses débats. Les participants à la Conférence de Paris (COP 21) réussiront- ils à aller plus loin que les délégués réunis en 2011 à Copenhague ? A l’issue de la conférence de Durban (Afrique du sud) en 2011,  un mandat  avait été donné aux participants en vue d’établir un pacte global de réduction des émissions, capable de limiter le réchauffement sous le seuil des 2 °C, d’ici à la fin 2015. Laurent Fabius, qui va présider la COP 21 à partir du 30 novembre, parle d’« obligation absolue de succès ».

Deux enjeux majeurs risquent de diviser les participants. Le premier point d’achoppement réside dans la forme juridique de l’accord souhaité à Paris. A Durban, les pays avaient convenu d’aboutir, en 2015, à « un protocole, un autre instrument légal ou une solution concertée ayant une force légale ». Parmi les options ouvertes figure celle d’un traité ou d’un protocole, qui nécessite d’être signé par tous les Etats puis ratifié par leur Parlement respectif. Américains et Français ne semblent pas d’accord sur ce point. L’accord de Paris « ne sera certainement pas un traité, a expliqué le secrétaire d’Etat américain John Kerry, mi-novembre, au Financial Times. Il n’y aura pas d’objectifs de réduction [des émissions de GES] juridiquement contraignants, comme cela avait été le cas à Kyoto ». L’accord sera « contraignant, ou il n’y aura pas d’accord », lui a aussitôt répondu le président français.» La voie médiane pourrait être celle d’un « accord hybride », selon l’expression d’un négociateur américain, intégrant des contraintes sur le suivi des promesses faites par les pays (qualifiées de « contribution nationale », et non d’engagement à caractère contraignant), mais pas sur les objectifs chiffrés de réduction des émissions de GES.

Le second point de friction c’est bien entendu l’argent. Comment réunir les 100 milliards de dollars nécessaires pour soutenir les pays du sud dans la mise en œuvre du programme écologique qui leur est demandé par les pays riches ? La Chine acceptera-t-elle de participer à l’effort de financement international comme le souhaitent les occidentaux ?