Les syndicats de l’éducation appellent à l’annulation du bac

L’examen du baccalauréat aura été cette année une mascarade. Après les fuites des sujets de plusieurs matières dont les dernières ont concerné les sujets de physique, les syndicats de l’éducation ont rencontré la ministre Nouria Benghebrit pour lui demander l’annulation pure et simple de l’examen et l’organisation d’une seconde session. Pour les syndicats comme pour l’association nationale des parents d’élèves, l’examen du baccalauréat de 2016 a perdu tout crédit et le ministère de tutelle doit prendre toutes ses responsabilités.

La réunion entre la ministre et les syndicats n’a donné aucun résultat, la ministre s’accroche toujours à son examen même si elle reconnaît la fuite des sujets et promet de sanctionner les coupables. Dans le cercle de la ministre, l’hypothèse d’un « complot » n’est pas écartée. Nouria Benghebrit est en effet l’objet d’un vaste mouvement de contestation syndical et associatif qui lui reproche la méconnaissance des problèmes réels du secteur (surcharge des classes, manque de professeurs,  inégalités entre les wialyas, problèmes sociaux) et sa tentative de faire passer en force un projet de réforme pédagogique que ses détracteurs soupçonnent d’avoir été conçu en France. Le slogan de la « modernisation de l’école » agité par Benghebrit et ses collaborateurs ne serait qu’un prétexte en vue de redonner à la langue française son statut hégémonique à la place de la langue arabe. Le courant francophile qui reste très fort au sein de l’Administration algérienne est allié en la circonstance au courant berbériste qui pollue une grande partie des médias algérois et qui, sous prétexte de défendre le tamazight et l’arabe dialectal, cherche en fait à réhabiliter un vieux projet colonial.

Nous apprenons par ailleurs qu’une trentaine de députés de l’APN ont déposé une motion appelant à la destitution de la ministre de l’éducation qu’ils accusent d’être hostile aux fondements de la personnalité nationale. Les observateurs se demandent comment cette ministre a pu jusqu’ici échapper au limogeage malgré la levée de boucliers des syndicats et des associations des parents d’élèves. Certains observateurs expliquent cela par le soutien dont elle bénéficie au sein du cercle présidentiel. Reste à savoir si après le dernier scandale de la fuite des sujets du bac, elle ne sera pas, en fin de compte, lâchée par ses sponsors de la présidence.