L’escalade meurtrière israélienne dans les territoires occupés inquiète les alliés d’Israël

09.03.2023. La flambée meurtrière qui s’est emparée ces dernières semaines de la Cisjordanie occupée risque de dégénérer en une situation incontrôlée et c’est ce qui inquiète la « communauté internationale » y compris les alliés les plus fidèles de l’Etat d’Israël qui ont lancé un appel à la désescalade.

La flambée des violences est devenue inquiétante dans les territoires occupés depuis la mort par balles de deux colons dimanche 26 février attribuée à un Palestinien. L’armée israélienne a mené une expédition punitive contre un camp palestinien qui a fait plusieurs victimes. Fait nouveau, cette fois-ci la répression israélienne ne s’est pas limitée aux forces de l’ordre mais a été aussi le fait de centaines de colons qui ont lancé des attaques spectaculaires contre la petite localité palestinienne de Huwara, située près de Naplouse dans le nord de Cisjordanie. Les violences des colons n’étaient pas un fait isolé. Dans ce contexte tendu, Bezalel Smotrich, le ministre israélien des Finances, a fait une déclaration qui fait froid au dos : « Je pense que Huwara devrait être anéantie. Je pense que c’est ce que devrait faire l’Etat d’Israël ». Cette sortie médiatique a provoqué une vague de condamnations sur la scène internationale. « C’était irresponsable, c’était répugnant, c’était dégoûtant », a notamment réagi Ned Price, porte-parole du Département d’Etat américain.

Après les émeutes des colons, qualifiées de « pogrom » par le quotidien de gauche israélien Haaretz, la ville d’Huwara a reçu la visite vendredi 3 mars d’une délégation de l’Union européenne. « La violence des colons doit cesser », a notamment déclaré son chef, Sven Kuehn Von Burgsdorff, cité par l’association Middle East Monitor. La tension créée par l’intrusion violencte des colons sur la scène politique survient alors que l’Etat d’Israël est confronté à une grave crise interne engendrée par la tentative du gouvernement d’en finir avec l’indépendance du système judiciaire.. En effet, comme tous les week-end depuis l’installation du nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou dominé par des formations de l’extrême-droite religieuse, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Tel-Aviv samedi 4 mars, ont protesté contre les violences en Cisjordanie, et contre la réforme controversée du système judiciaire.

La situation devient critique et l’escalade israélienne risque de rendre la situation incontrôlée, ce que redoutent fortement les alliés occidentaux d’Israël, à leur tête les Etats-Unis. Les Etats européens ont exprimé leur inquiétude mais continuent leur politique hypocrite qui renvoie dos à dos les victimes et les bourreaux. Ils condamnent ce qu’ils appellent les actes « terroristes » palestiniens sans considération pour ce qui en est la cause essentielle : la poursuite de la politique colonialiste et raciste d’Israël. « Nous condamnons fermement les récents attentats terroristes qui ont provoqué la mort de citoyens israéliens. Le terrorisme ne saurait en aucun cas être justifié », ont écrit les porte-parole des ministères des affaires étrangères de la France, l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, le Royaume-Uni et l’Espagne à la suite des derniers développements en Cisjordanie occupée. Inquiets par les risques de dérapage de la situation, Washington a dépêché sur place plusieurs émissaires pour tenter de trouver un apaisement relatif en faisant pression sur Benjamin Netanyahou et en organisant un mini-sommet à Aqaba (Jordanie) avec leurs partenaires dans la région (Israël, Autorité palestinienne, Jordanie, Egypte). Pressé par ses partenaires de l’extrême droite religieuse au sein de la coalition gouvernementale d’en découdre avec les Palestiniens, Netanyahou ne semble pas en capacité de faire le moindre geste d’apisement, ce qui augure de nouvelles violences à venir (Algérie solidaire)

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