L’exercice « African Lion 2022 » simule une attaque du Nord du Maroc par l’Algérie

L’exercice tactique « African Lion 2022 » qui se déroule principalement au Maroc mais aussi en Tunisie, au Sénégal et au Ghana, a pour but officiel d’entraîner les différentes forces participantes à la coopération militaire et à l’interopérabilité entre leurs composantes et pour répondre à des menaces transfrontalières. Cependant, à le considérer de plus près, cet exercice n’a pas caché comme lors de l’édition 2021 d’autres objectifs opérationnels qui se rapportent à des conflits plus conventionnels qui engagent deux pays dans la région d’Afrique du nord : l’Algérie et la Libye.

La partie de l’exercice qui intéresse directement notre pays simule une invasion du Nord du Maroc par l’armée algérienne, avec une poussée vers le Sud marocain., Une coalition anglo-américaine basée à Agadir et Casablanca prépare une contre-attaque en vue de repousser l’armée algérienne. La carte d’état-major publiée sur le site Mena Defense montre clairement l’état des forces engagées dans le conflit. Coté algérien une division (simulant la 8eme division blindée stationnée à Sidi Bel Abbès) et trois brigades d’infanterie avancent sur le Nord en direction de Rabat alors qu’un régiment effectue une percée en direction d’Agadir. L’armée algérienne mobilise deux brigades et une division (sans doute la simulation vise la 12eme division d’infanterie stationnée à Djelfa) en réserve de son coté de la frontière. Côté marocain, trois brigades défendent le centre du pays, tandis qu’une brigade amphibie de marine est prépositionnée au large de Tanger et qu’un détachement de la sixième flotte américaine menace Alger. Les Américains et les Britanniques déploient deux brigades blindées à Casablanca et Agadir et se déploient dans le Rif pour bloquer l’avancée algérienne. Un sous-marin algérien qui couvre l’opération est confronté à la menace de P8 américains basés en Espagne.

Une autre partie de l’exercice pourrait également concerner l’Algérie même si officiellement la simulation met en cause la Libye. En effet, dans cette partie de l’exercice, une coalition de forces basée en Libye tente une intrusion en Tunisie par le Sud. Les forces « libyennes » mobilisent un régiment de missiles Scud, deux régiments de missiles anti-aériens S-400, une compagnie de mercenaires (probablement Wagner), deux sous-marins, des régiments de support. L’invasion de la Tunisie se fait par une avancée d’une brigade d’infanterie motorisée (ou brigade combinée blindée infanterie). avec le support d’une seconde brigade au niveau de la frontière Tuniso-libyenne. On voit bien ici que le nom de la Libye n’est cité que pour faire diversion, ce pays ne possédant ni régiments de missiles anti-aériens S-400 ni de sous-marins ! Les deux seuls pays de la région possédant des sous-marins sont l’Egypte et l’Algérie et l’Algérie est le seul qui est supposé posséder le système anti-aérien S-400, il y a donc une forte probabilité que la simulation de la seconde partie de l’exercice cible une fois de plus l’Algérie. L’exercice simule une contre-attaque en vue de défendre la Tunisie contre ses mystérieux envahisseurs. Pour cette contre-attaque, deux brigades « neutres » (entendez ici tunisiennes), une brigade de la Special Operation Task Force Est américaine et une brigade Combined Joint Task Force comprenant des forces d’une coalition multinationale sont mobilisées. La contre-attaque comprend également des opérations anti-sous-marines conduites par des P8 Poséidon américains à partir de l’Italie et probablement un débarquement de forces à Bizerte.

Bien entendu, il ne s’agit que d’un exercice qui vise à entraîner des forces alliées à travailler ensemble pour faire face à des défis sécuritaires communs. Cependant, les deux simulations envisagées (attaque du Nord du Maroc par l’armée algérienne et attaque de la Tunisie par une Libye fantomatique dont les moyens utilisés rappellent fort ceux dont dispose l’Algérie) ne permettent aucun doute quant aux véritables desseins de cet exercice. L’Algérie est visée directement et la participation d’Israël pour la première fois à cet exercice, même si c’est à titre d’observateur, ne peut que conforter cette hypothèse. Nul doute que le commandement de l’armée algérienne aura à tirer tous les enseignements tactiques, opérationnels et logistiques de cette nouvelle donne géopolitique et militaire.

A.Boussouf