L’homme d’affaires Issad Rebrab retrouve la liberté
Le Tribunal de Sidi M’hamed a condamné mercredi l’homme d’affaires, Issad Rebrab à une peine de prison de 18 mois dont six mois de prison ferme et une année de prison avec sursis pour « infraction à la législation relative au mouvement des capitaux et surfacturation lors d’une opération d’importation et daux et usage de faux ». De fait, l’homme d’affaires se retrouve désormais libre puisqu’il a purgé sa peine dans le cadre de sa détention provisoire. Le même tribunal a condamné M. Rebrab, qui se trouve en détention préventive depuis le mois d’avril dernier, à une amende de 1.383.135.000 DA. Deux autres entreprises étaient également poursuivies dans cette affaire en tant que personnes morales pour « infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l’étranger », « faux et usage de faux » et « fausse déclaration douanière ». Il s’agit « d’Evcon », une filiale du groupe Cevital, propriété de l’homme d’affaires qui a importé les équipements de purification d’eau utilisant l’intelligence artificielle et de l’établissement bancaire The Housing Bank for trade and finance (HBTF). Le tribunal a condamné l’entreprise Evcon à une amende de 2.766.000.000 DA au lieu de la saisie des machines. Le tribunal a également condamné l’établissement bancaire The Housing Bank for trade and finance (HBTF) à une amende de 3.168.578.000 DA.
La présidente du tribunal a indiqué lors de l’interrogatoire des accusés que « l’expertise des factures gonflées a révélé que la valeur réelle de ces équipements est de 98. 983.000 DA et a révélé un écart de 691.576.630 DA entre la valeur réelle des équipements en question et le montant déclaré ». La surfacturation des équipements de purification d’eau importés par Evcon, filiale du Groupe Cevital, s’est élevée à plus de 792 millions DA, alors que la valeur réelle de ces équipements est de 98. 983.000 DA, a fait savoir mardi la présidente du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) lors du procès de l’homme d’affaires Isaad Rebrab. Citant l’expertise élaborée le 9 août 2018, la juge a précisé que « le mode d’emploi de ces équipements est daté de 2015, ce qui prouve qu’il s’agit d’équipements d’occasion ». En outre, a-t-elle ajouté « le connaissement (bon de chargement) est daté du 10 mai 2018 au nom de la société Evcon, alors que celle-ci n’existait pas à cette date » souligné que « Evcon a été créée le 21 mai 2018 et immatriculée au Registre de commerce le 22 mai 2018, soit bien après leur arrivée au port d’Alger ». Concernant le pays exportateur de ces équipements, M. Rebrab a indiqué que c’est la Corée du Sud, mais la juge l’a confronté aux documents inclus dans le dossier où figure la société suisse ANTEI. Celle-ci a fourni aux douanes suisses une facture dont le montant est inférieur de loin à celui porté sur la facture présentée aux douanes algériennes.
Au vu des infractions commises par l’homme d’affaires, de nombreux internautes algériens se sont montrés depuis hier soir déçus. La condamnation à six mois de prison ferme signifie que M. Rebrab va être relâché puisqu’il a accompli sa condamnation dans le cadre de sa détention provisoire. Cependant, les observateurs notent que la détention et la condamnation de M. Rebrab est un marqueur important qui montre que cet homme n’est plus aussi intouchable que prétendaient ses amis et qu’il ne pourra plus faire tout ce qu’il veut comme auparavant surtout que ses parrains militaires sont aujourd’hui derrière les barreaux. Les observateurs font remarquer par ailleurs que la guerre ouverte contre la mafia politico-financière par la Justice algérienne, avec le soutien du commandement de l’armée algérienne, n’est pas finie et qu’elle devrait inclure la lutte en vue de purifier les institutions de l’ « Etat profond » de tous les bureaucrates complices.
Mustapha Senhadji