Macron accuse l’Algérie de ne pas coopérer sur la question des sans-papiers expulsés de France

24.11.2022. Le président français Emmanuel Macron n’a pas hésité à utiliser le dernier sommet de la Francophonie qui s’est tenu la semaine dernière à Djerba, en Tunisie, pour s’attaquer à l’Algérie sur fond de la question litigieuse du renvoi des Algériens se trouvant en situation irrégulière en France.

En marge du dernier sommet de la Francophonie qui s’est tenu la semaine dernière à Djerba, en Tunisie, le président français s’est exprimé devant les médias pour justifier la politique de réduction de moitié des visas accordés aux Marocains et aux Algériens qui a commencé, selon lui, à donner ses fruits (sous-entendu, il y a moins de Maghrébins qui décident de rester illégalement sur le territoire français). Cependant, Macron ne s’est pas arrêté là. Il a lancé une critique acerbe contre l’Algérie qu’il s’est gardé de nommer en l’accusant notamment de ne pas coopérer en matière de raccompagnement des ressortissants en situation irrégulière contre lesquels une décision d’expulsion a été prise.

Il est curieux que Macron ait choisi d’être sur le territoire tunisien pour lancer ses accusations contre l’Algérie. Les usages diplomatiques auraient voulu qu’il aborde cette question litigieuse avec les représentants du gouvernement concerné lors de pourparlers officiels que ce soit en France ou en Algérie. Des accords existent entre les deux pays sur cette question et seule une négociation sérieuse loin du vacarme médiatique pourrait rapprocher les points de vue sur ce dossier qui envenime les relations entre les deux pays.

Mais en choisissant de mette sur la place publique les différends qui opposent la France et l’Algérie, Macron a pris le risque de pousser le gouvernement algérien à prendre des mesures de rétorsion qui ne seront pas nécessairement favorables aux intérêts français en Algérie. A moins que Macron ait été contraint à une réaction aussi négative par dépit après avoir appris que l’Italie et la Turquie, pour ne citer que ces deux partenaires, s’apprêtent à supplanter définitivement la France sur le marché algérien. Dernier détail : en faisant ces déclarations malheureuses sur le territoire tunisien, Macron a-t-il cherché à créer un froid dans les relations entre l’Algérie et la Tunisie ? Ce n’est pas improbable sachant l’excellence des relations entre les deux voisins maghrébins, ce qui dérange peut-être la France néocoloniale. Une autre hypothèse soulevée par les observateurs : En s’attaquant ainsi à l’Algérie, Macron montre tout simplement qu’il n’a toujours pas digéré le refus de l’Algérie de faire partie de l’organisation de la Francophonie.

Mustapha Senhadji