Mouloud Mammeri : Un colloque à forte coloration idéologique
Le colloque international sur la vie et l’oeuvre de l’écrivain, anthropologue et linguiste algérien, Mouloud Mammeri a pris fin dimanche à Alger par la présentation des recommandations. Les participants à cette rencontre ont appelé à l’élaboration d’un « programme pour la publication et l’édition » des textes et oeuvres de Mammeri non publiés, et cités dans plusieurs entretiens (cinquième roman, pièce de théâtre et mémoires de la seconde guerre mondiale) et leur traduction en Tamazight, en Arabe et en Anglais. Ils ont également appelé à baptiser du nom de Mammeri « l’amphithéâtre 1 » de l’université d’Alger où il a enseigné la langue amazighe de 1965 à 1973. Les participants recommandent aussi de baptiser du nom de Mouloud Mammeri, le musée national du « Bardo » ou le centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, ou les deux.
Outre l’accompagnement de tout projet de film documentaire sur Mammeri conduit par des cinéastes professionnels, les participants ont recommandé l’institution d’un prix national intitulé « Amusnaw (l’érudit) qui sera attribué à l’auteur d’un travail de recherche important sur l’amazighité, écrit dans cette langue. Le Haut commissariat à l’amazighité (HCA) présentera le projet aux parties concernées. Les conférenciers ont également appelé à l’institution d’un autre prix international « Mouloud Mammeri- L’unité africaine » pour une contribution à la promotion des langues africaines. Le prix récompensera la meilleure oeuvre sur le patrimoine immatériel africain. Le projet sera présenté à l’Unesco conformément au texte des recommandations.
Les observateurs de la scène culturelle algérienne se sont réjouis de l’organisation de ce colloque international autour de l’œuvre d’un grand écrivain de la stature de Mouloud Mammeri. Ils ont regretté cependant le fait qu’une œuvre littéraire aussi riche et aussi complexe soit réduite par les organisateurs à une seule de ses dimensions, celle qui se rapporte à la question identitaire et qui souffre d’une lecture sur-idéologisée, une lecture qui se nourrit des tendances berbéristes à la mode dans certains segments des élites kabyles. Au lieu de favoriser l’ouverture et la tolérance qui sont pourtant officiellement affichées dans ces milieux, cette tendance ne fait qu’encourager les postures sectaires et xénophobes que les courants berbéristes cherchent à cacher derrière une rhétorique soi-disant moderniste et universaliste.