Nasrallah réaffirme l’engagement du Hezbollah aux côtés du Hamas mais sans entrer dans une guerre ouverte

04.11.2023. Dans un discours tant attendu sur les plans arabe et international, le leader du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a réaffirmé l’engagement de son mouvement aux côtés de la résistance palestinienne à Gaza mais sans aller jusqu’à entrer dans une guerre ouverte contre Israël.

Le chef du Hezbollah a d’abord rappelé que son mouvement est entré dans la confrontation avec l’armée israélienne en solidarité avec Gaza dès le lendemain de l’opération du 7 octobre dernier qu’il a tenu à saluer tout en assurant qu’elle fut une opération palestinienne à 100% en démentant ainsi les allégations tendant à faire croire à une opération commanditée par l’Iran avec la complicité de ses alliés dans la région. Le dirigeant du Hezbollah a ainsi écarté la perspective d’une entrée du Liban dans une guerre ouverte avec Israël, une perspective qui ne semble pas réunir un consensus à l’intérieur du Liban (Un récent sondage a montré que les trois quarts des Libanais étaient hostiles à une entrée de leur pays en guerre)

Nasrallah a visiblement cherché à répondre aux critiques qui reprochent au Hezbollah de ne pas s’être engagé plus dans cette guerre. « Pour ceux qui demandent au Hezbollah d’entrer dans une guerre ouverte, ce qui se passe à la frontière peut paraître modéré, mais ce n’est pas le cas, et nous ne nous suffirons pas de cela. » a-t-il déclaré. Au passage, Nasrallah a rappelé l’importance de la « guerre d’usure » que mène le Hezbollah contre l’armée israélienne qui oblige cette dernière à concentrer le tiers de ses troupes àla frontière libanaise. Et même s’il a exclu toute escalade à court terme, il a laissé cette perspective ouverte. «Une escalade, sur le front (libanais) dépend d’abord de l’évolution de la situation à Gaza, ensuite du comportement de l’ennemi sioniste vis-à-vis du Liban« .

Le discours de Nasrallah a été diversement apprécié. Sans l’exprimer ouvertement, les Américains, les Européens et les Etats arabes ne pouvaient que se satisfaire du fait que le Hezbollah se soit abstenu de donner le signal d’une guerre régionale qui pouvait mettre en dangers leurs intérêts. Les organisations de la résistance palestinienne ne peuvent officiellement que remercier le Hezbollah de son service minimum même si au fond d’elles-mêmes elles auraient souhaité plus. Au sein de l’opinion publique, la déception est grande. Aujourd’hui, les choses sont claires. Gaza ne devra son salut qu’à sa détermination héroïque et à l’élan de solidarité populaire, arabe et internationale, qui sont en train de faire fléchir progressivement la position américaine.

Mohamed Merabet