Où sont passés les djihadistes qui ont quitté la ville de Raqqa ?
La libération de la ville syrienne Raqqa des groupes djihadistes de l’EI qui la contrôlaient a été fort médiatisée. Dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu, 200 à 300 combattants de l’État islamique ont pu fuir sans obstacle des zones libérées. C’est ce qu’avaient rapporté des médias occidentaux le 18 octobre. Mais aujourd’hui les informations révélées par la BBC sont venues gâcher la fête. Il semblerait que la coalition occidentale a tout simplement négocié un deal avec le groupe terroriste dont plusieurs centaines de combattants ont pu quitter la ville sains et saufs avec armes et bagages vers la Turquie.
En effet, un reportage de Quentin Somerville, le correspondant au Moyen-Orient de la chaîne publique britannique BBC permet de se faire une idée plus exacte de ce qui s’est réellement passé à Raqqa. Outre la destruction totale de la ville par les bombardements de la coalition qui ont laissé des milliers de victimes parmi les civils, on apprend que la coalition a laissé partir des centaines de combattants armés, ce qui ne manque pas de susciter des interrogations sur les véritables liens existant entre les services secrets occidentaux et turcs et certains groupes djihadistes activant dans la région.
Les détails révélés par le reporter de la BBC sont troublants : Au total, on aurait dénombré 50 camions, 13 bus et plus de 100 véhicules privés. Le convoi faisait près de 7 km de long, et comptait 4000 personnes. Contrairement à ce qui a été dit, les djihadistes étaient armés jusqu’aux dents lors de leur fuite. Des combattants ont également pu fuir à l’étranger. La plupart d’entre eux sont aujourd’hui en Turquie. La coalition contre l’État islamique, qui est dirigée par les États-Unis était au courant de l’affaire, mais a tout fait pour l’étouffer. Les chauffeurs de camions qui ont participé à cette évacuation ont été payés contre leur silence, mais la BBC a parlé à plusieurs témoins qui auraient confirmé ces informations. Si les médias occidentaux ne semblent préoccupés que par le risque que ces djihadistes dont certains sont originaires de pays européens puissent revenir en Europe et y effectuer des attentats, il est plus probable que la plupart des djihadistes exfiltrés de Syrie vont être recyclés pour servir sur d’autres théâtres d’opérations, au Maghreb par exemple.