Ouyahia accuse Hanoune d’instrumentaliser tamazight
Dans une déclaration à la presse en marge de la clôture de la réunion de la Tripartite, samedi, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, est revenu sur les manifestations qui ont défrayé la chronique ces dernières semaines dans les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira, pour la généralisation de l’enseignement de la langue tamazight. Ahmed Ouyahia a tenu à démentir toutes les voix qui prétendent que l’Etat algérien a reculé sur cette question en rappelant que la langue tamazight est désormais enseignée dans 38 wilayas, qu’elle fait partie des examens de fin de cycle de l’enseignement moyen et de l’enseignement secondaire et que son enseignement dans le supérieur est organisé dans sept universités sans parler de l’existence d’une dizaine de centres de recherche consacrés à cette langue à travers le territoire national.
Après avoir rappelé ces faits, M. Ouyahia n’a pas hésité à accuser ceux qui ont cherché à instrumentaliser cette question au parlement dans le cadre de qu’il a appelé une « manoeuvre démagogique » en vue de fomenter un mouvement de protestation et de déstabilisation dans les trois wilayas mentionnées. M. Ouyahia visait ainsi le parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune dont une députée a déposé une proposition en vue d’inscrire la généralisation de l’enseignement de tamazight dans la loi des finances 2018. Ce faisant, M. Ouyahia reprend ainsi à son compte les accusations lancées par des députés du FFS et du RCD à l’encontre de Louisa Hanoune tendant à dire que cette dernière aurait agi sur ordre d’un clan au pouvoir sans autre précision.
Si l’accusation lancée à l’encontre de Louisa Hanoune semble plausible selon les observateurs, sachant la proximité de cette dernière avec certains généraux de l’ex-DRS, les mêmes observateurs s’interrogent sur le clan qui a joué avec le feu en mettant cette question sous les projecteurs de l’actualité à ce moment précis et sur les motivations réelles qui ont poussé ce clan à agir ainsi. S’agit-il d’un clan berbériste zélé qui redoutait que l’austérité prévue par la loi des finances 2018 ne sape les mesures décidées en vue de généraliser l’enseignement de tamazight ? Ou s’agit-il seulement d’un clan qui a cherché à instrumentaliser la Kabylie à des fins politiciennes ? Il n’est pas exclu que le clan qui a fomenté les actions de protestation en Kabylie soit le même qui sponsorise M. Ouyahia lui-même mais qu’au vu des réactions de l’opinion publique algérienne, il se soit rétracté en fin de compte en cherchant à mettre tout sur le dos de Louisa Hanoune qui n’aura été finalement, en cette circonstance, qu’un pion qu’on utilise et qu’on jette après usage.