Ouyahia et Loukal seront-ils conduits par la force devant le juge ?
L’annonce de la convocation par le tribunal d’Alger de l’ancien premier ministre Ahmed Ouyahia et de l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie et actuel ministre des finances, Mohamed Loukal, dans le cadre d’une enquête sur des délits économiques graves a suscité comme on pouvait s’y attendre un enthousiasme populaire à la hauteur de l’évènement. Des milliers de citoyens ont attendu hier devant le tribunal d’Alger l’arrivée des deux personnalités mais en vain. MM Ouyahia et Loukal ne s’étaient pas présentés devant le tribunal.
Un problème de procédure pourrait peut-être expliquer ce fait. La convocation de ces deux responsables par le tribunal d’Alger serait entachée d’illégalité selon des juristes interrogés. En effet, la Constitution et le code de procédure pénale ont prévu que des personnalités de ce rang doivent bénéficier du privilège d’être entendues par la Cour suprême et non par un tribunal ordinaire. Des partisans honteux de l’ « Etat profond », comme Mustapha Mazouzi et Arezki Ferad, ont tenté d’utiliser ce vice de forme pour créer la polémique sur la chaîne Echourouk TV et faire diversion. Ils n’ont pas hésité à accuser la Justice algérienne, et par la même occasion le commandement de l’ANP qui a appelé la Justice à faire son devoir, de « règlement de comptes ».
Mais pour les milliers de manifestants qui ont attendu hier l’arrivée d’Ahmed Ouyahia devant le tribuanl d’Alger, il n’ y a pas de place pour le formalisme juridique dans des cironstances pareilles. Si Ouyahia et consorts doivent être entendus pour leurs forfaits, qu’ils le soient, même s’il est préférable que les choses se fassent dans le respect des règles de procédure prévues par la loi. C’est pourquoi on s’attend dans les prochaines heures à ce que la Justice algérienne fasse ce qu’il y a lieu de faire dans ces conditions pour que MM. Ouyahia et Loukal ne se croient plus au-dessus des lois, quitte à utiliser la contrainte pour les amener devant le juge.
Mustapha Senhadji