Pour une transition énergétique vers le développement durable
Par Chems Eddine Chitour
L’Algérie vit présentement une situation délicate dans un contexte international difficile La chute des prix du pétrole est due non seulement à des facteurs économiques, comme le ralentissement de la demande mondiale, mais aussi à des facteurs géopolitiques.
La réalité des gaz de schiste
L’Algérie dispose de ressources conventionnelles encore importantes qui peuvent être valorisées elles qui ne présentent pas de risques nous avons une densité de forage 100 fois moins importante que celle des Etats Unis ! Il y a donc à n’en point douter un second souffle pour les gisements conventionnels que nous devons exploiter rationnellement en retenant que notre meilleure banque de devises est notre sous-sol
C’est un fait ! La majorité des études sur le gaz de schiste montre que le gaz de schiste est une technologie dangereuse avec les techniques actuelles. Même aux Etats-Unis, pionniers dans le domaine, 49% des Américains sont désormais opposés à l’extraction du gaz de schiste par fracturation. Le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, avait décidé le 17 décembre 2014 d’interdire la fracturation hydraulique à cause des «risques qu’elle présente pour la santé des populations». Enfin Chevron vient de se désengager de la Pologne pourtant pays classé dans les cinq premiers en terme de réserve Actuellement Il n’existe pas d’extraction de gaz de schiste sans risques sur l’environnement les quantités d’eau, les produits chimiques dangereux, les conséquences sur la santé font que plus que jamais un principe de précaution doit régir nos décisions
Actuellement Il n’existe pas d’extraction de gaz de schiste sans risques sur l’environnement Quand nous serons prêts technologiquement en formant les ingénieurs et les techniciens de géologie de géophysique, de forage, de mécanique, d’électrotechnique d’informatique de management sans oublier les spécialistes de l’environnement, Quand toutes les précautions sont prises pour éviter tous les dangers actuels, le gaz de schiste jouera pleinement son rôle et dans un bouquet énergétique et ceci pourrait se passer au plus tôt après 2020
Que faut il faire pour se préparer au monde de demain ?
Comment sera le monde 2030 ? C’est-à-dire dans 15 ans quel viatique allons nous laisser aux générations futures ? Le monde du futur sera dangereux Il y aura des guerres de l’eau , des matières premières , Il y aura les agressions des changements climatiques contre les pays faibles guerres de civilisations ne sont que la partie visible d’un nouveau partage du Monde Les États sont sur le pied de guerre les pays mettent en place des modèles de consommation, d’ici à 2030 Quelle sera l’Algérie de 2030 ? Nous devons dès à présent aller vers une transition énergétique qui nous conduira au développement durable. Le modèle énergétique nous commande plusieurs actions
La chasse au gaspillage et l’obligation d’être économe
L’Algérien gaspille la nourriture On parle d’un gaspillage de 40 millions de dollars de pain qui sont jetés annuellement. Les Algériens dépensent chaque jour 1 milliard de centimes pour l’achat du pain. De plus 20% des fruits et légumes finissent dans les poubelles,
Le plus grand gisement d’énergie est celui des économies d’énergie. Le gaz, l’électricité, les carburants ne sont pas en reste. on abuse de l’utilisation des climatiseurs. Les pertes en eau potable dans la wilaya d’Alger, alimentée H24, sont estimées à 40% sur le million de m3distribués journellement. Le gaspillage d’énergie, du fait d’une climatisation excessive et l’éclairage inutile est l’origine d’une consommation d’électricité jamais égalée en Algérie.
Il faut le marteler la plus grande réserve de gaz et de pétrole pour l’Algérie, ce sont les économies d’énergie pouvant aller à 15/20%. Il n’y a pas de petites économies. Tout est bon à prendre , les économies à faire se chiffrent en gain de plusieurs milliards de dollars Il est temps aussi d’élaborer une stratégie pour la rationalisation de l’énergie et l’augmentation progressive de ses tarifs. De ce fait, il sera nécessaire de redéfinir la politique sociale et le soutien d l’Etat aux classes vulnérables. C’est une pédagogie de tous les jours qui amènera le citoyen à être économe sobre et à consommer algérien.
Un modèle énergétique qui fait appel à toutes les énergies disponibles
A côté des énergies fossiles pétrole et gaz naturel les énergies renouvelables représentent moins de 0.1% du bilan électrique Une transition énergétique bien élaborée permettra d’aller vers le développement durable en mettant en place un mix énergétique, un bouquet énergétique où chaque énergie sera développée rationnellement mais avec détermination. Le solaire algérien est l’un des plus important au monde en intensité et en surface et pourtant il peine à prendre son essor Nous avons plus de deux cent sources d’énergie géothermique qui peuvent être exploitées pour le chauffage des habitations mais aussi à usage industriel en dehors de l’aspect médical, on en fait rien. La région d’Adrar est connue pour la force de ces vents et son développement que permettra le développement de l’agriculture. Le gaz de schiste fera partie d’un bouquet énergétique et aura toute sa place le moment venu quand la technologie sera mature , que nous avons les compétences nécessaires et pris toutes les précautions en terme d’environnement.
Un partenariat winn winn avec les leaders mondiaux du solaire de l’éolien ( Chine, Allemagne, Etats Unis) nous permettra d’asseoir une vraie industrie des énergies renouvelables Ce plan Marshall pour les énergies vertes, pour Nous devons le préparer aussi en terme d’aménagement de l’espace pour contrer d’une façon résolue les dangers climatiques en terme de reboisement cohérent, de lutte contre la désertification du pays de veille à la sécurité alimentaire en nous adaptant au climat par l’acclimatation de nouvelles variétés de légumineuses d’arbres fruitiers, de légumes…
Le développement des immenses richesses du Sahara
Le Sahara est un écosystème unique il y a une vie, il y a une flore, il y a des habitants La plus grande richesse au Sahara c’est l’eau, source de vie. Songez que nous sommes à la latitude de la Californie qui est un véritable jardin ou de Marrakech, autre jardin, et il ne tient qu’à nous d’en faire de même. La mise en valeur de l’Algérie du Sud notamment dans le domaine agricole et touristique permettrait outre la création de richesses On dit que pratiquement tous les minerais existent et attendent d’être développés ( Fer, Cu, Or…) Cependant La vraie richesse du Sahara est sa nappe phréatique qui est celle de verdir le Sahara qui devrait pouvoir contribuer à la diminution de la dépendance alimentaire en devenant le grenier à céréales et maraichages en tout genre du pays De plus La réhabilitation du patrimoine forestier permettra de mettre en valeur nos forêts pour aboutir la mise en place d’une industrie du bois et de ses dérivés
Nous devons aussi faire preuve d’imagination pour aménager l’espace, créer de villes nouvelles sur les axes Nord Sud en amenant l’eau et l’électricité à la disposition de bataillons de Jeunes que nous pouvons occuper sainement pour reverdir le Sahara Le développement durable, nous impose d’aller vers un bouquet énergétique et le plus grand gisement d’énergie, c’est celui des économies d’énergie…celui de recycler de donner une seconde vie aux choses
La formation des hommes et des femmes
Il nous faut commencer à l’école pour former l’éco-citoyen de demain. Nous devons former des milliers d’ingénieurs de techniciens d’architectes de sociologues autour d’un défi celui de permettre à l’Algérie de garder son rang De mon point de vue de scientifique , la stratégie pour un développement durable devrait concerner tous les Algériens -sociétés civiles, universitaires et partis politiques- qui devraient eux aussi en toute responsabilité donner leur avis tant il est vrai qu’il s’agit de l’avenir de cette Algérie qui nous tient tant à cœur que l’on soir au Nord au Sud à l’Est ou à l’Ouest
Conseiller du Premier ministre
Professeur émérite Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique Alger