Pourquoi l’affaire Bounouira est devenue une affaire politique
Sur ordre du président de la République, et grâce à la coordination entre les services de sécurité algériens et les services de sécurité turcs, l’adjudant-chef à la retraite Guermit Bounouira, qui avait fui le pays, a été remis jeudi dernier aux autorités en vue de comparaître dès ce lundi devant le juge d’instruction militaire près du Tribunal militaire de Blida. Il s’agit là incontestablement d’une victoire pour l’Algérie, en espérant que le prix payé à la Turquie dans le cadre de cette négociation n’a pas été trop élevé. La remise de l’adjudant-chef en fuite à l’Algérie permettra de le soustraire aux opérations éventuelles de chantage et de collaboration qui pouvaient nuire à la sécurité nationale.
La remise de l’adjudant-chef Bounouira par la Turquie démontre que dans les relations entre Etats il n’y a que les intérêts qui comptent. C’est un avertissement pour tous les traîtres qui croient pouvoir compter indéfiniment sur la complaisance des Etats étrangers pour se soustraire à la Justice algérienne. Quand les intérêts de ces Etats l’exigent, ils n’hésiteront pas un instant à livrer les ressortissants étrangers établis sur leur territoire. Par ailleurs, l’affaire de l’adjudant-chef Bounouira, qui a défrayé la chronique ces derniers jours, n’a pas manqué d’être utilisée par les médias à la solde des clans qui cherchent à tout prix à reconquérir les positions perdues ces dernières années et qui ont échoué en 2019 dans leur tentative d’instrumentaliser le Hirak en vue de prendre le contrôle de la transition politique.
Comment une affaire qui aurait pu rester d’ordre strictement militaire est-elle devenue une affaire politique nationale ? L’affaire de l’adjudant-chef Bounouira a été l’occasion pour des médias et des Youtubeurs connus pour leur accointance avec les réseaux du général Toufik de se lancer dans une nouvelle campagne de dénigrement contre l’ancien chef de l’armée algérienne, le défunt général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah. Selon nos sources, cette campagne de désinformation est téléguidée par des officiers supérieurs qui alimentent régulièrement ces sites avec des informations tendancieuses. Le but recherché est de faire croire au nouveau commandement de l’ANP qu’il est la cible d’officiers qui étaient proches de feu Gaïd Salah et de semer la zizanie entre les patriotes. Le but ultime est de favoriser l’ascension de généraux qui étaient proches du général Toufik et des réseaux politico-mafieux qui se sont opposés durant l’année 2019 à la ligne politique défendue par le commandement de l’armée en vue de sauver l’Etat algérien contre les chantres de la « période de transition ».
Mohamed Merabet