Que se cache-t-il derrière l’affaire des fake news et du limogeage du ministre de la communication ?
24.06.2023. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a mis fin mardi aux fonctions du ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, indique un communiqué de la Présidence de la République.
« Après consultation du Premier ministre, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a mis fin aux fonctions du ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani et a chargé la Secrétaire générale du ministère d’assurer l’intérim », indique le communiqué de la présidence de la république. Comme d’habitude, aucune précision n’a été donnée dans le communiqué officiel sur les raisons qui ont poussé le président de la république à limoger le ministre de la communication.
Mais il est facile d’établir un lien avec une autre affaire qui a défrayé la chronique et qui met en cause le secteur de la communication en Algérie. La chaîne tv privée Ennahar, connue pour sa proximité avec des cercles du pouvoir, avait diffusé quelques jours plus tôt une information qui s’est avérée une fake new, à savoir que l’Algérie aurait décidé d’expulser des diplomates émiratis. Le Ministère des affaires étrangères a rendu public un communiqué dans lequel il dément l’information infondée colportée par la chaîne Ennahar. Le lendemain, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) a convoqué les responsables d' »Ennahar TV », suite à la diffusion des fausses informations, démenties par le ministère des Affaires étrangères. Le ministre de la communication a visiblement fait les frais de ce raté communicationnel.
Cependant, des questions de fond restent sans réponse. La chaîne Ennahar se serait-elle permis de diffuser ces fausses nouvelles sans l’aval d’une personnalité influente au sein du pouvoir ? Quelle est la véritable marge de manoeuvre du ministre de la communication dans ce genre de situation surtout quand on sait qu’il était auparavant le secrétaire général du ministère (donc un administratif) ? Le ratage n’est pas seulement un simple ratage communicationnel mais révèle malheureusement la gravité des dysfonctionnements institutionnels que nous n’avons pas cessé de dénoncer. Le président Tebboune a révoqué Amar Belhimer, qui était, quoi qu’on puisse penser de ses convictions, un POLITIQUE pour le remplacer par un administratif malléable par des hommes de l’ombre sans convictions et sans compétences. Le résultat est là : des fake news qui mettent en danger les intérêts stratégiques de l’Algérie distillées par une chaîne dont la proximité avec les services algériens est uns secret de polichinelle. La secrétaire générale du ministère a été chargée de l’intérim après le limogeage du ministre. On prend les mêmes et on recommence. Visiblement, le président Tebboune n’a tiré aucune leçon sérieuse de ce qui vient de se produire.
Mohamed Merabet