Un colloque sur l’oeuvre de Kateb Yacine à Tizi Ouzou
Un colloque sur l’oeuvre du romancier, dramaturge et poète Kateb Yacine sera organisé les 28 et 29 octobre courant à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, a-t-on appris, lundi, auprès de la direction de la Culture. Ce rendez-vous culturel, placé sous le thème « Kateb Yacine, écrivain aux multiples facettes », sera marqué par des conférence-débats qui seront animées par des universitaires et une exposition sur la vie et l’oeuvre de l’auteur de Nedjma et un spectacle théâtral à partir du montage de quelques-uns de ses textes, pour la clôture.
Parmi les communications programmées, on citera « Des Métamorphoses de l’Ane d’Apulée, à la poudre d’intelligence de Kateb Yacine ou le génie populaire réinventé », qui sera animée par Fatima Malika Boukhelou, docteur en langue et civilisation françaises (université de Tizi-Ouzou), « Nedjma, écriture polyphonique de ruptures ou la rébellion esthétique » par Chebili Ali, enseignant au département de français, « l’Amazighité chez Kateb Yacine » par Mohamed Lakhdar Maougal, professeur à l’université d’Alger, « La symbolique de Nedjma » par Tighilt Mohamed Amokrane, dramaturge et enseignant de la langue française (Tizi Ouzou) et « Le Cercle des représailles : une révolution qui s’annonce » par Aini Bettouche, Maitre de conférences et doyenne de la Faculté des Lettres et des Langues (Tizi-Ouzou). Pour la clôture de ce colloque, prévue au théâtre régional Kateb Yacine, les organisateurs ont programmé une représentation théâtralisée de passages dialogués du « Cadavre encerclé » et d’autres textes de Kateb Yacine qui sera interprétée par des étudiants du département de français de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.
Kateb Yacine est né le 6 aoûts 1929 à Constantine. Alors qu’il n’avait que 16 ans, il participa à Sétif aux manifestations du 8 mai 1945, réprimées dans le sang par le colonialisme français. Son premier poème « Nedjma ou le poème ou le couteau » publié en 1946, présente déjà son auteur comme un poète exceptionnel ce qui sera confirmé peu de temps plus tard par le célèbre roman « Nedjma ». Kateb Yacine est considéré comme l’un des principaux fondateurs de la littérature maghrébine moderne d’expression française et initiateur du renouvellement du théâtre algérien. En 1988, il obtint le prix national des Lettres. Décédé le 28 d’octobre 1989, Kateb Yacine a marqué par son œuvre et son engagement intellectuel les générations aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Cependant, comme il arrive aux œuvres majeures, la sienne a été prise en otage par des lectures et des interprétations unilatérales qui l’ont vidée de sa richesse symbolique. C’est ainsi que Kateb Yacine est malheureusement devenu dans certains cercles universitaires et politiques le symbole d’une conception primaire et populiste de la langue et de la culture algériennes qui surévalue la place des langues parlées (tamazight et arabe algérien) au détriment d’une « langue arabe classique » perçue comme une langue élitiste, voire « étrangère ».