Une nouvelle tension diplomatique entre Alger et Niamey suite à l’expulsion de migrants illégaux nigériens
09.04.2024. L’ambassadeur de la République du Niger à Alger, M. Aminou Malam Manzo, a été convoqué, jeudi, au siège du ministère des Affaires étrangères (MAE) où il a été reçu par la Directrice générale Afrique, Mme Selma Malika Haddadi, indique samedi un communiqué du MAE.
Cette convocation fait suite à la convocation de l’ambassadeur d’Algérie à Niamey par le Ministère nigérien des affaires étrangères qui lui avait exprimé les protestations officielles du Niger contre la campagne d’expulsion des ressortissants nigériens entrés illégalement en territoire algérien. La rencontre avec l’ambassadeur du Niger à Alger a porté essentiellement sur la coopération entre les deux pays en matière de rapatriement des ressortissants nigériens séjournant de manière irrégulière sur le territoire algérien », précise la même source, relevant que « ‘cette coopération a fait l’objet de la part des autorités nigériennes de certains jugements que la partie algérienne estime sans fondements ». « Il a été rappelé à l’ambassadeur de la République du Niger l’existence d’un cadre bilatéral dédié à cette problématique. De même, il lui a été indiqué que ce cadre doit demeurer le lieu privilégié de discussion et de traitement de toutes les données et de tous les développements liés à cette problématique », note le communiqué.
Par la même occasion, « il a été réitéré à l’attention de l’ambassadeur de la République du Niger le ferme attachement de l’Algérie aux règles essentielles de bon voisinage et sa volonté de poursuivre la coordination avec le Niger sur cette question concernant les flux migratoires et sur toute autre question, dans le respect mutuel et sur la base des valeurs de coopération, de confiance et de solidarité », conclut le communiqué. Ce rappel n’était pas inutile. En effet, la question est complexe. D’une part, il est avéré que le flux migratoire en provenance de l’Afrique subsaharienne constitue un facteur de déstabilisation grave, au demeurant encouragé par des puissances étrangères qui ont intérêt à affaiblir l’Algérie, comme l’a rappelé récemment l’expert algérien, Kacimi. D’autre part, l’Algérie ne peut tourner le dos à ses responsabilités en matière de solidarité avec les pays voisins.
Cette nouvelle mini-crise diplomatique avec le voisin nigérien ne manquera pas d’être exploitée par les puissances hostiles à l’Algérie dans la sous-région sahélo-saharienne. Il suffit de voir comment les médias français et marocains ont couvert cette affaire pour s’en convaincre. « Les autorités nigériennes ont convoqué mercredi l’ambassadeur d’Algérie à Niamey pour protester contre la campagne d’expulsion à la frontière entre les deux pays. Un signe d’émancipation de la junte face à son influent voisin septentrional » peut-on lire dans le quotidien français Le Monde du 6 avril. L’Algérie est donc appelée à traiter cette nouvelle tension diplomatique avec un pays avec lequel elle partage un millier de kilomètres de frontière commune de manière intelligente sans tomber dans les provocations d’un régime militaire qui emploie une rhétorique « anti-impérialiste » pour tromper son opinion publique et cacher sa véritable nature vénale. (Algérie solidaire)