Appel aux autorités nationales Pour la reconnaissance des Martyrs du devoir

cadets

Nous publions ci-dessous l’appel poignant aux autorités lancé par un ancien Cadet de la Révolution et ancien officier supérieur, Farouk Doumi, qui a passé une grande partie de sa carrière à défendre les Institutions de la République, aux côtés de milliers d’autres anciens Cadets de la Révolution dont nombreux ont payé de leur vie leur fidélité au Devoir. En publiant cet appel, le Collectif Algérie Solidaire tient à marquer sa sympathie et sa solidarité avec le combat mené par les anciens Cadets de la Révolution en vue de garder vivante la Mémoire de leur Ecole qui restera un monument institutionnel au service de la concrétisation des idéaux de la Révoltion du 1er Novembre 1954 « pour une Algérie indépendante, souveraine, moderne, démocratique et sociale dans le cadre des principes islamiques ».

Exposé des motifs.

L’exposé des motifs est résumé dans deux de mes contributions publiées sur le site Algérie solidaire « Il était une fois les Cadets de la Révolution » et « Les Cadets de la Révolution et la professionnalisation de l’Armée Algérienne. »

Ces deux publications à elles seules résument le chemin parcouru depuis la création de la première école de cadets de la Révolution en 1959-1960 par l’Etat-major de l’Armée de Libération, dirigée par le colonel Houari Boumédiene. Dirigeant visionnaire, il se projetait dans l’après guerre, d’une part, fidèle à ses frères de combat tombés sur le champ d’honneur, recueillir leurs enfants dans une école nationale des Cadets de la Révolution à l’indépendance de notre patrie et d’autre jeter les bases de former une armée moderne. Les cadets de la révolution entamèrent leur scolarité, bénéficiant d’un régime de formation relevant du ministère de l’éducation nationale, d’une formation para militaire, Houari et de l’inauguration de l’ENCR de Koléa le 25 mai 1963 par Houari Boumediene, alors vice –président du conseil du gouvernement et ministre de la défense nationale.

Le choix de Koléa n’est pas le fruit du hasard. C’est  à Koléa que fut transférée, l’EMPNA, école militaire préparatoire Nord Africaine en 1952.Ecole d’une superficie de 40 hectares, elle offrait aux enfants des militaires français et aussi aux enfants d’algériens, collaborateurs de l’armée française, une formation de la 6ème jusqu’au baccalauréat et une formation para militaire jusqu’en 1962 où elle ferma ses portes, sans toutefois saccager l’infrastructure ni les moyens pédagogiques.

La recherche sociologique sur les enfants des collaborateurs algériens et/ou sympathisants de la France coloniale explicitent le fait de la « diviser pour régner », pour réparer la riposte contre le Mouvement insurrectionnel algérien, résultats des massacres de Mai 1945  où des dizaines de milliers furent assassinés entre Kherrata ,Setif, Guelma et ailleurs, des algériens qui manifestaient leur joie et la victoire du bien contre le mal qu’est le nazisme. Une revendication légitime du peuple algérien a été transformée en homicide humanitaire par la France coloniale non reconnu aujourd’hui malgré les relations apaisées entre nos deux peuples.

Plus grande caserne d’Algérie, située à Koléa, 40km d’Alger, l’Algérie indépendante la réserva aux  enfants de chouhadas et moudjahidines en 1963.L’auteur de cet appel est originaire de Koléa. Il avait les enfants de ses voisins qui ont été enfants de troupe. Loin de là pour généraliser que tous les enfants de troupe, leurs parents ont été des collaborateurs. Beaucoup d’enfants de troupes avaient rejoint l’armée de libération nationale à partir de mai 1956 .Certains sont tombés au champ d’honneur, d’autres sont encore en vie.

Houari Boumediene donna les instructions pour l’ouverture de plusieurs écoles, Batna, Laâligue(Annaba), Tlemcen, Bechar, Oran Guelma enfin Laghouat. La seule école qui était lycée, fut Koléa ce qui faisait d’elle le réceptacle de ceux des autres écoles. Les Cadets qui  obtenaient leur brevet du premier cycle et le passage en seconde des autres écoles, revenaient à Koléa pour parachever le 2ème cycle du secondaire.

A l’issue de l’obtention du baccalauréat, les cadets étaient dirigés vers l’Académie de Cherchell.

En 1970, la promotion des françisants d’une quinzaine de cadets ont été envoyés à SAINT-CYR en France pour une formation d’officiers à l’exception des bacheliers avec mention qui pouvaient choisir leur filière.

La promotion 1970 de bacheliers arabisants ont été inscrits à l’université d’Alger pour une formation Licence, puis faire un stage de neuf mois pour leur titularisation en qualité d’officiers.

C’est ainsi qu’Houari Boumediene était satisfait parce que le serment donné à leurs parents  martyrs était  concrétisé et les résultats étaient plus que satisfaisants.

Houari Boumediene tenait sa pépinière de formation des futures sous-officiers et officiers de l’Armée Nationale Populaire.

Chaque année, les effectifs sortants des différentes écoles des cadets augmentaient .La majorité alimentait les rangs de notre Armée qui avait besoin vital de cette nouvelle composante, héritière des chouhadas de l’Armée de Libération Nationale, composante formée dès le primaire au secondaire jusqu’aux Ecoles d’Etat-major et les Ecoles de guerre des pays les plus avancés militairement. Comme pour la période postindépendance, une opposition s’est manifestée entre les Novembristes de l’ALN et les arrivistes de l’armée française (Promotion Lacoste), une méfiance s’est manifestée par ces derniers à partir de 1970 envers les officiers issus des Ecoles de Cadets de la Révolution.

De grade en grade, les cadets atteignaient le grade de colonel. Les DAF, Déserteurs de l’Armée Française tenant le sommet de la hiérarchie militaire conscients du mal qu’ils allaient causé à notre Patrie ont fermé en 1986 les Ecoles des cadets de la Révolution.

Dans nos rangs, nous avons subi telle une mini bombe atomique la décision qui à notre sens relevait de la haute trahison.

Cette fermeture préparait le plan machiavélique de prise du pouvoir par les généraux issus de la promotion Lacoste.

Pour ce faire toutes les actions à créer la situation de pourrissement social amèneront les Frontistes du Parti Unique à reculer et diminuer leur emprise sur la présidence.

Octobre 1988 en est l’exemple.

Les unités opérationnelles, la majorité étaient dirigés par des officiers Cadets de la Révolution. Ces unités ont été appelées en renfort sur la capitale.

Ce triste Octobre restera à jamais gravé par Amgala 1975 (Maroc), puis Octobre 1988. L’occasion inespérée des généraux pour proposer au Président une soi-disant ouverture politique, la naissance du multipartisme en 1989.Le Front Islamique du Salut rafla toutes les mairies en les baptisant BALADIA ISLAMIA. Ceci était un prélude à la naissance d’un Etat théocratique, fanatique, intégriste.

Le Président interpella son ministre de l’intérieur sur ces résultats ? La réponse des généraux : Nous leur avons donné un os. Donner un os à qui ! Bien sur au FLN.

Le F.I.S s’est avéré tel un ogre qui allait dévorer l’Algérie. Le F.I.S renforça ses liens avec l’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe même avec l’Iran, le F.I.S bénéficiant de budgets et du retour des Afghans de Kaboul et de Peshawar se préparait à entrer en force aux législatives de 1992.Les résultats lus par le général L.B., Ministre de l’intérieur donnant la victoire au Front Islamique du Salut fut comme une bombe dix fois supérieur à la bombe d’Hiroshima au Japon.

C’était la cerise sur le gâteau pour les généraux. Etat de crise, convocation du Haut Comité à la Sécurité, présidé par le premier magistrat. Pourtant depuis 1962, il y a eu deux scrutins transparents sans fraudes : le vote pour l’autodétermination du peuple algérien et celui des  législatives de 1992 où le F.I.S l’emporta.

Décision : Report du deuxième tour, ce qui déclencha la guerre fratricide entre algériens, communément appelé « LA DECENNIE NOIRE ».Nous, Cadets à la tête des unités de combat, nous avions en face de nous nos frères, nos cousins nos compatriotes.

Le coup d’état militaro-politique réussit à valider la phrase du général Charles de Gaule ,après avoir pris acte amèrement du choix de l’Algérie du Socialisme : « Dans trente ans ,on en reparlera. » 1962 +30= 1992.

Le hasard pour la prise du pouvoir n’existe pas, surtout pour les militaires car ils engagent leur propre personne.

Les militants du F.I.S nous appelaient les Toughats.(mécréants)

Les officiers supérieurs, officiers, sous –officiers,  Cadets de la Révolution, martyrs du devoir méritent la reconnaissance de l’Etat Algérien auquel ils ont sacrifié le plus cher, leur vie leur progéniture, leur proches à la merci d’une administration non où l’incompétence est de mise.

Pour les Cadets de la révolution, Impossible que leur administration qu’ils ont défendue corps et âme leur refuse le droit de s’associer dans le cadre de la loi 12-06 du 12 janvier 2012.

Un AGREMENT DE l’ASSOCIATION NATIONALE DES CADETS DE LA REVOLUTION EN EST LA MEILLEURE RECONNAISSANTE DE CETTE COMPOSANTE.

Dans le cadre de la loi 12-06 du 12 janvier 2012, l’association apolitique célébrera ses martyrs du devoir, s’intègrera dans le mouvement associatif par des activités culturelles, scientifiques, avec ses compétences avérées.

Gloire à nos Martyrs, vive l’Algérie !

Par le Cadet Farouk Doumi