15 Etats membres de l’UE appellent à un plafonnement des prix du gaz
08.10.2022. 15 Etats membres de l’Union européenne ont réclamé un plafonnement du prix des importations de gaz en provenance de tous les pays exportateurs et non seulement de la Russie. Cette réclamation ne rencontre pas l’adhésion de la majorité qualifiée nécessaire et surtout pas de l’Allemagne première puissance économique européenne qui craint qu’une telle mesure se retourne contre l’Europe en faisant fuir les exportateurs de gaz vers les marchés asiatiques.
Dans une lettre adressée à la Commissaire de l’Energie, 15 pays membres de l’Union européenne ont appelé à un large plafonnement des prix sur toutes les importations de gaz. « Le plafonnement des prix (…) est la seule mesure qui aidera chaque État membre à atténuer la pression inflationniste, à gérer les attentes et à fournir un cadre en cas d’éventuelles ruptures d’approvisionnement, ainsi qu’à limiter les bénéfices supplémentaires dans le secteur », indique le document. » Le texte est paraphé par la Belgique, la Bulgarie, la Croatie, la France, la Grèce, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et l’Espagne. Il a été envoyé mardi soir à la Commissaire européenne en charge de l’Energie, Kadri Simson. Les appels en faveur d’un plafonnement sur le gaz à l’échelle de l’UE se multiplient ces dernières semaines. Le prix du mégawattheure a atteint en août un record à 346 euros. Les prix diminuent progressivement depuis, et se situent actuellement juste en dessous de la barre des 200 euros. Ils restent tout de même cinq fois supérieurs aux niveaux observés il y a un an à la même époque.
L’Allemagne s’oppose à cette option alors que la Commission européenne se montre hésitante. Les 15 pays demandent à l’institution de présenter une première proposition lors de la réunion ministérielle de vendredi, puis d’élaborer un texte juridique formel. La Commission tergiverse pour le moment et étudie toujours les risques potentiels. Elle craint que cette mesure sans précédent ne fasse fuir les transporteurs à un moment où l’Union européenne cherche désespérément des sources d’approvisionnement qui ne viennent pas de Russie. Ces livraisons passent en particulier par du gaz naturel liquéfié (GNL), afin de passer l’hiver sans difficultés majeures, ni rationnement. La concurrence pour les méthaniers devrait s’intensifier dès que les températures commenceront à baisser. Cette bataille commerciale pourrait encore s’accentuer si l’économie chinoise redémarre après une période de ralentissement. L’Allemagne, premier consommateur de gaz de l’UE, évoque des préoccupations similaires. « Si vous introduisez un plafond des prix, comme l’UE le ferait unilatéralement et que tous les autres consommateurs dans le monde ne le feront pas, alors le gaz ira à d’autres consommateurs et nous pourrions ainsi connaître une pénurie d’approvisionnement en gaz », a déclaré la semaine dernière la ministre adjointe allemande des Affaires européennes, Anna Lührmann.
La Norvège, qui a remplacé cette année la Russie en tant que premier fournisseur de gaz de l’UE, a déclaré qu’elle était ouverte à la discussion sur une baisse des tarifs, mais qu’elle était « sceptique » quant à un large plafond. Jusqu’à présent, la Commission européenne ne suggère qu’une limite sur le prix du gaz russe par gazoduc afin de priver le Kremlin de revenus qui pourraient éventuellement financer l’invasion de l’Ukraine. La guerre menée par Moscou s’avère très coûteuse jusqu’à présent. « L’approche envers la Russie et les autres partenaires doit être différente », a déclaré la semaine dernière à Euronews la Commissaire européenne en charge de l’Energie. La lettre indique que la limitation des prix ne vise pas exclusivement Moscou. Dans leur appel commun, les 15 pays ont rejeté sans ambiguïté l’idée d’une limite conçue exclusivement contre le gaz russe. La lettre ne fournit pas de détails techniques tel que le niveau du plafond. Il est toutefois entendu que le plafonnement devrait être d’une manière ou d’une autre plus élevé que le prix payé sur les marchés asiatiques et américains afin de garantir que l’Europe reste une destination attrayante. Pour être approuvée, cette mesure nécessiterait l’approbation d’une majorité qualifiée des États membres. Dans l’état actuel des choses, les 15 signataires n’ont pas les voix nécessaires. Le soutien de pays côtiers comme l’Espagne, l’Italie, la France et la Belgique est crucial car ce sont eux qui reçoivent la majorité des importations de GNL (EuroNews)