Lamamra regrette les propos de l’ambassadeur de France
Les propos de l’ambassadeur de France selon lesquels 60% des visas délivrés par son ambassade bénéficient aux habitants de la Kabylie et que 50% des étudiants algériens en France proviennent de la wilaya de Tizi Ouzou ont fait réagir le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra. Ce dernier a qualifié jeudi à Alger, les propos de l’ambassadeur de France en Algérie, au sujet de la délivrance des visas aux Algériens de « malheureux ». « Si des propos, qui sont tenus dans des circonstances que je ne connais pas, sont de nature à soulever des questions de ce genre, à susciter des commentaires, des interrogations, des perceptions différentes et antagonistes, cela signifie que les propos en question ont été certainement malheureux », a indiqué M. Lamamra dans une déclaration à la presse au terme de l’audience accordée au Commissaire européen chargé de la Politique européenne de voisinage, Johannes Hahn.
Pour le chef de la diplomatie algérienne, de tels propos représentent « plus une moins-value qu’une plus-value, alors même que les exigences de notre métier de diplomate est de favoriser, en toutes circonstances, les propos qui rassemblent et non les propos qui divisent ». En diplomatie « qui est notre métier, on ne doit pas faire de discrimination entre les citoyens du pays auprès duquel on est accrédité », a précisé M. Lamamra, faisant observer qu' »encore une fois, le rôle principal du diplomate, accrédité auprès du chef de l’Etat, est d’ouvrir des ponts, promouvoir les échanges et les relations d’amitié et de coopération ».
Curieusement, Ramtane Lamamra semble plus s’offusquer du fait que l’ambassadeur de France ait révélé au grand jour ce que les Algériens savaient depuis des années plutôt que de la chose elle-même, à savoir qu’une puissance étrangère pratique la discrimination au profit des habitants d’une région au su et au vu des autorités algériennes. Si l’ambassadeur de France n’avait pas divulgué cette information, l’Etat algérien aurait continué à ignorer le problème. Les citoyens algériens ont le droit de savoir les raisons du silence complice de leur Etat sur une pratique administrative aux arrière-pensées politiques évidentes.
Pour sa part et dans le but de calmer le jeu, l’ambassade de France à Alger a rendu public un communiqué dans lequel elle déclare que » la France n’a aucune politique de quotas d’aucune sorte en matière de visas qu’elle traite dans un esprit d’égalité et de non-discrimination. » L’ambassade précise qu’ « en déplacement en Kabylie, l’ambassadeur de France n’a pas tenu à la presse les propos qui lui ont été attribués mais a simplement souligné au cours d’une réception à caractère privé avec la communauté française qu’il constatait que les habitants de cette région prenaient toute leur part dans les échanges entre l’Algérie et la France. » Le communiqué de l’ambassade de France conclut: « Nous regrettons que ces propos aient pu être mal interprétés et réaffirmons le principe fondamental d’égalité et de non-discrimination qui fonde la politique de la France et les relations franco-algériennes. » Ce communiqué sauvera peut-être les apparences diplomatiques mais le malaise engendré au sein de l’opinion publique algérienne par les déclarations « privées » de l’ambassadeur de France à Tizi Ouzou sera difficilement dissipé.