Un projet de révision constitutionnelle de plus en plus contesté
En plus des partis d’opposition (MSP, FJD, FFS, RCD) qui ont boycotté la séance de vote du texte de loi relatif au projet de révision constitutionnelle au parlement, le pouvoir va devoir compter sur une nouvelle vague de contestation émanant cette fois-ci des secteurs de la jeunesse qui ont voté en décembre dernier pour le candidat Abdelmadjid Tebboune. En effet, depuis plusieurs semaines, de larges secteurs de la mouvance nationaliste « novembriste badissienne » font campagne pour le non au nouveau projet de révision constitutionnelle. Cette campagne s’est accélérée ces derniers jours sur les réseaux sociaux.
Le rejet du projet de révision constitutionnelle par les réseaux nationalistes est justifié essentiellement par l’article 4 qui continue de consacrer tamazight comme langue nationale et officielle comme l’avait institué la révision constitutionnelle de 2016 sans passer par le référendum populaire. Les nationalistes estiment que la consécration officielle d’une langue qui n’existe pas (encore) est une concession injustifiée à un courant berbériste minoritaire qui travaille objectivement pour le maintien de l’hégémonie de la langue française dans les rouages de l’administration et de l’économie algérienne.
Pour rappel, l’option de tamazight à laquelle s’accroche le pouvoir algérien dans un souci de cohésion nationale fort compréhensible est rajetée aussi bien par les nationalistes algériens que par les le courant berbériste majoritaire en Kabylie à savoir le MAK. Ce dernier rejette de son côté l’option de tamazight dans laquelle il voit à juste titre une négation de takbaylit (la langue kabyle telle qu’elle est parlée par les Kabyles) et revendique la promotion de cette dernière, ce qui est tout à fait compréhensible même si malheureusement le MAK cherche aujourd’hui à satisfaire cette revendication légitime dans le cadre d’un projet séparatiste qui ne rencontre pas nécessairement l’adhésion de la majorité des Kabyles.
Mustapha Senhadji