Des manifestations dans plusieurs wilayas qui augurent de la reprise du Hirak
Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue ce vendredi dans la capitale et dans d’autres villes, principalement à Béjaïa et Tizi Ouzou. Point commun à ces manifestations, elles ont eu pour lieu de départ les mosquées après la prière de la mi-journée. A alger, les manifestants sont partis essentiellement des quartiers populaires de Belcourt et de Bab El Oued pour converger vers la Grande Poste, lieu habituel des rassemblements du Hirak.Ces manifestations augurent d’une reprise réelle du Hirak populaire que la pandémie de Covid-19 a mis entre parenthèses. La reprise du Hirak était attendue tant le mécontentement populaire état grand. Ce dernier s’explique par les conséquences désastreuses de la double crise pétrolière et sanitaire aggravées par les méfaits de la bureaucratie qui a freiné souvent la mise en application des mesures décidées par le gouvernement dans le cadre de l’atténuation des effets de la crise et de la protection des couches sociales les plus touchées. Mais ce facteur n’explique pas tout. Les agissements de certains groupes soutenus par les résidus de l’ex-DRS dissous et des groupements d’intérêt liés à la mafia politico-financière et des ONG étrangères très actives en Algérie ne sont pas en reste.
Quelle que soit la part de manipulation politicienne dans la reprise du Hirak, et quels que soient les regrets qu’on peut avoir eu égard aux dangers qu’une reprise du Hirak pourrait avoir sur la santé publique, le gouvernement algérien est bien obligé d’en tenir compte et de prendre les mesures urgentes qui s’imposent pour désamorcer la bombe sociale que certains cherchent à faire exploser dans leur stratégie du chaos. Certes, tant que le Hirak reste pacifique, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Les services de sécurité ont les moyens d’encadrer des manifestations de cette ampleur et de faire face aux provocations des groupuscules qui cherchent à faire dévier le Hirak de son caractère pacifique comme cela s’est passé hier grâce notamment à la maturité de la plupart des manifestants et au professionnalisme des forces de l’ordre.
Mais le gouvernement se trompe s’il se contente du seul aspect sécuritaire qui est certes important mais ne saurait faire oublier les autres volets de la crise qui sont politiques, économiques et sociaux. Outre l’accélération des réformes politiques qui devraient rassurer l’opinion publique sur la bonne volonté du pouvoir de répondre aux aspirations démocratiques de la société, des mesures d’apaisement sont attendues. Mais c’est sur le front social que le gouvernement doit agir rapidement. Les mesures prises jusqu’ici sont à saluer mais elles s’avèrent insuffisantes au regard de la situation dramatique dans laquelle se trouvent des millions de citoyens. Le relèvement du revenu minimum à 30 000 DA, la régularisation des jeunes recrutés dans le cadre des contrats de pré-emploi et l’activation immédiate des primes prévues dans le cadre de la gestion de la pandémie sont des mesures à caractère urgent. Le temps n’est pas aux discussions doctrinales sur les effets qu’une politique sociale volontariste pourrait avoir sur les équilibres macroéconomiques ni sur ses éventuelles conséquences inflationnistes. Il y va de la stabilité du pays et de la paix civile qui doit être préservée coûte que coûte.
Mohamed Merabet