Des jeunes de Larbaa Nath Irathen protestent contre la condamnation des assassins de Djamel Bensmaïl
30.11.2022. Les lourdes peines prononcées par le tribunal de Dar El Beida (Alger) contre les accusés dans le procès sur l’assassinat du jeune Djamel Bensmaïl, dont 49 peines capitales, ont fait réagir les familles et les proches des condamnés. Le dimanche 27 novembre, ils ont organisé un rassemblement à la place Abane Ramdane au centre ville de Larbaa Nath Irathen pour protester contre ces condamnations qu’ils jugent iniques. Dans le même contexte, les élèves du lycée Abderahmane Illouli ont boycotté les cours en signe de solidarité avec les condamnés.
Le site proche des séparatistes du MAK, Tamurt Info a décrit à sa manière les faits : « Plusieurs familles des citoyens kabyles, injustement condamnés à mort par la justice algérienne, le 24 novembre dernier, pour le meurtre de Djamel Bensmail et les incendies criminels perpétrés en Kabylie, en août 2021, se sont rassemblées, dimanche dernier, sur la place Abane Ramdane, au centre-ville de Larbaa Nath Irathen. Elles réclament la libération de leurs enfants, faussement accusés dans ce procès politique par excellence. Certains des condamnés à mort n’étaient même pas présents sur les lieux du crime, qui était orchestré et exécuté par régime algérien. Les élèves du lycée Abderrahmane Illouli ont également séché les cours en guise de soutien à ces familles scandalisées par un verdict des plus iniques« . Si on peut comprendre l’émotion des familles et des proches des condamnés en pareilles circonstances, ces protestations ont quelque chose de grotesque. Le crime odieux dont été victime le jeune Djamel Bensmail est tout simplement un crime contre l’humanité qui a choqué et révolté à juste titre tous les Algériens. L’Etat algérien ne pouvait pas faire autrement qu’arrêter et déférer devant la justice les accusés, au moins ceux qui n’ont pas réussi à quitter le territoire national.
Au regard des actes barbares incriminés, les peines prononcées par le tribunal de Dar el Beida ne pèsent pas grand chose. Les peines capitales sont certes spectaculaires mais elles ne sont plus d’application en Algérie depuis plusieurs décennies. Si les condamnés ne sont pas satisfaits du verdict, comme c’est leur droit, des procédures d’appel sont prévues par la loi. Les protestations qui ont eu lieu à Larbaa Nath Irathen ont un caractère politique avéré. Les séparatistes qui manipulent l’émotion des familles et des proches des condamnés veulent utiliser cet évènement pour montrer qu’ils sont toujours présents, pour faire pression sur la justice et pour faire chanter l’Etat algérien dans le cadre d’un jeu politicien cousu de fil blanc par leurs commanditaires de l’intérieur et de l’extérieur. Les médias algériens ont bien entendu comme d’habitude passé sous silence ce triste évènement. Le prétexte invoqué est toujours le même : « il faut éviter de parler de tout ce qui peut allumer le feu de la fitna« .
Certes, il ne faut pas grossir ce genre d’évènements et rester vigilants pour ne pas donner du grain à moudre à ceux qui cherchent à porter atteinte à l’unité nationale mais la politique de l’autruche est-elle vraiment la meilleure solution en la circonstance ? Bien entendu, il faut saluer le pacifisme des protestataires même si nous ne partageons pas leur cause ainsi que le professionnalisme des autorités locales et des forces de l’ordre à cette occasion. Mais il reste tout le travail de conscientisation qui échoit aux partis politiques et aux associations socioculturelles locales en vue de faire reculer les discours de la haine raciale pour se concentrer sur les revendications sociales et démocratiques qui sont les mêmes pour les jeunes des toutes les régions d’Algérie même s’il y a par ailleurs des revendications spécifiques à chaque région comme la revendication linguistique et culturelle en Kabylie qui peut être prise en charge démocratiquement dans le cadre de l’unité nationale.
Mohamed Merabet