Le journaliste El Kadi Ihsane condamné à trois de prison ferme
03.04.2023. Le verdict est tombé dans l’affaire du journaliste El Kadi Ihsane poursuivi pour « financement international » dans le but de porter « atteinte à la sécurité de l’Etat ». Il a été condamné à trois ans de prison ferme.
Le tribunal d’Alger a condamné dimanche 2 avril le directeur de la société Interface Média qui édite Radio M et Maghreb émergent, El Kadi Ihsane, à cinq ans de prison dont trois ans ferme. Le procureur avait demandé cinq ans de prison ferme. Le tribunal a également prononcé la dissolution de la société Interface Médias, éditrice des deux médias dirigés par M. El-Kadi, la confiscation de tous ses biens saisis, et 10 millions de dinars d’amende (plus de 68 000 euros) contre son entreprise. La société a été condamnée également à dédommager l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) à hauteur de 1 million de dinars (6 800 euros). A titre personnel, il a été condamné à payer une amende de 700 000 dinars (environ 4 800 euros). L’avocat de El Kadi Ihsane, Me Abdelghani Badi, a déclaré qu’ils allaient faire appel contre ce jugement
Emprisonné depuis le 29 décembre 2022, El-Kadi Ihsane était accusé de « financement étranger de son entreprise », au titre de l’article 95 bis du Code pénal. Ce texte prévoit une peine de prison de cinq à sept ans pour « quiconque reçoit des fonds, un don ou un avantage… pour accomplir ou inciter à accomplir des actes susceptibles de porter atteinte à la sécurité de l’Etat, à la stabilité et au fonctionnement normal de ses institutions, à l’unité nationale, à l’intégrité territoriale ». El-Kadi Ihsane est soupçonné d’« avoir reçu des sommes d’argent et des privilèges de la part de personnes et d’organisations dans le pays et à l’étranger afin de se livrer à des activités susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’Etat et à sa stabilité », avait alors annoncé la Cour d’Alger.
L’arrestation d’El Kadi Ihsane a suscité un vaste élan de solidarité tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, en particulier au sein de la corporation journalistique. Dans ce cadre, une pétition lancée par l’organisation RSF pour obtenir sa libération a recueilli plus de 13 000 signatures. Au-delà de la question du financement international qui fait polémique en Algérie, y compris au sein des milieux médiatiques et associatifs qui défendent les libertés démocratiques, la condamnation d’El Kadi Ihsane à trois ans de prison ferme apparaît très lourde et injuste au regard des faits incriminés. Cette condamnation qui s’inscrit dans un contexte politique marqué par le verrouillage croissant de l’espace médiatique risque de discréditer un peu plus le discours officiel en faveur de la liberté de la presse et de ternir l’image du pays à l’étranger.(Algérie solidaire)