Conférence de Lakhdar Brahimi sur les conséquences du « printemps arabe »
L’ancien Envoyé conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Lakhdar Brahimi, a indiqué dimanche à Alger que les conséquences dudit « printemps arabe » et ses illusions « continuaient d’affecter les pays de la région ». Quelle que soit notre opinion vis a vis des faits liés au dit « printemps arabe », force est d’admettre que les événements ayant marqué les cinq dernières années portent tantôt les traces d’une révolution, tantôt l’aspect d’un mythe et dénotent souvent un complot et une ingérence dans les affaires de certains de nos pays, a soutenu le diplomate algérien dans une conférence intitulée « Révolutions arabes, réalité, mythe ou complot » au siège du conseil de la nation. Ces évènements continueront sans nul doute d’impacter notre nation arabe et les régions voisines, a-t-il dit, expliquant que les incidents survenus dans nombre de pays du « printemps arabe » n’étaient pas nés du néant.
Pour M. Brahimi, plusieurs facteurs ont alimenté ces conjonctures, à commencer, selon lui, par les interventions russe puis américaine en Afghanistan, à l’origine de l’émergence de l’organisation terroriste Al-Qaida, du déclenchement de la révolution iranienne et enfin la guerre irako-iranienne et les affrontements entre Sunnites et Chiites qui en ont découlé. Concernant la Syrie, il a écarté l’éventualité d’une division de ce pays préconisant la conjugaison des efforts de la communauté internationale et des parties régionales, l’Iran à leur tête, pour trouver une issue à la crise syrienne. A propos de la crise libyenne, il a estimé que l’intervention orchestrée par l’ancien président français Nicolas Sarkozy était dévastatrice et qu’elle avait entravé les efforts de médiation africains. L’Algérie a une dette morale et fraternelle à l’égard de la Libye induite du soutien héroïque de ce pays à la Révolution de libération algérienne, a-t-il rappelé. S’agissant du Yemen, le diplomate algérien a émis le vœu de voir les négociations en cours entre les Houthis et le gouvernement yéménite menées sous l’égide de l’ONU aboutir à une solution à même de permettre au Yémen de retrouver sa sécurité et stabilité.
L’ancien ministre des Affaires étrangères a estimé que l’expérience tunisienne est celle qui mérite le plus d’intérêt, l’évolution de la situation en Tunisie étant satisfaisante. M. Brahimi a déploré, par ailleurs, le désengagement des Etats et gouvernements arabes à l’égard de la cause palestinienne rappelant que l’Algérie a toujours honoré ses engagements en versant ses contributions à la Palestine et entretient des relations solides avec les dirigeants palestiniens. M. Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères algérien (1991-1993) a occupé plusieurs postes diplomatiques. Il a été émissaire de l’ONU au Liban, au Yémen, en Irak et en Afghanistan. En 2012, M. Lakhdar Brahimi est désigné émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe pour le règlement de la crise syrienne avant de démissionner en 2014, du fait de l’aggravation de la situation et de l’impossibilité de parvenir à une issue (APS)