Constitution : les nationalistes et les islamistes divisés sur le projet
Comme lors de l’élection présidentielle du 12 décembre dernier, les nationalistes et les islamistes vont aller au référendum du 1er novembre en rangs dispersés. Si la position des partis du pouvoir (FLN, RND), qui font campagne pour le oui au projet de révision constitutionnelle, n’étonne guère les observateurs tant ces partis sont devenus de simples appendices de l’Administration, la position des autres courants nationalistes et les partis de la mouvance islamiste continue de susciter l’attention tant elle peut peser de manière significative dans la balance le jour du référendum.
Depuis le lancement officiel de la campagne référendaire, les partis de la mouvance islamiste ont annoncé la couleur. Le MSP d’Abderrazak Makri, le FJD d’Abdallah Djaballah et le mouvement Ennahda ont appelé à voter non au projet après avoir exprimé leur rejet d’un certain nombre d’articles dont ceux qui mettent en cause à leurs yeux les constantes nationales en plus de ceux qui se rapportent à l’organisation et à l’équlibre des pouvoirs. Ce n’est pas l’avis d’autres partis islamistes qui ont décidé d’appeler à voter oui au projet constitutionnel malgré leurs réserves au sujet de plusieurs articles. C’est le cas notamment du mouvement El Bina d’Abdelkader Bengrina et du mouvement El Islah.
De leur côté, les courants nationalistes, aussi bien ceux qui sont organisés au sein de nouveaux partis non agréés que ceux qui s’expriment sur les réseaux sociaux, apparaissent comme divisés sur la réponse à donner au projet de révision constitutionnelle. Pour les uns, malgré les réserves exprimées au sujet de plusieurs articles, le vote en faveur de la nouvelle Constitution constitue malgré tout une condition nécessaire pour la préservation de la stabilité politique et institutionnelle. Pour d’autres, il est nécessaire d’envoyer un signal fort au pouvoir algérien en votant non à un projet constitutionnel qui risque d’ouvrir des brèches par lesquelles peuvent se faufiller ceux qui espèrent enterrer les constances nationales de la Révolution algérienne. Inutile de parler des partis laïco-berbéristes de l’ « Alternative démocratique ». En appelant au boycott du référendum, ces partis espèrent tout simplement le passage en force d’un projet constitutionnel qui pourrait bien servir leurs desseins politiques si les forces patriotiques, par delà leur diversité idéologique et politique, ne réussissent pas à créer un large front uni autour d’un programme de redressement national.
Mohamed Merabet