La disparition des radars de Ramtane Lamamra suscite l’interrogation et l’inquiétude
13.03.2023. Depuis deux semaines, le ministre des affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a complètement disparu de la scène politique algérienne sans qu’aucune explication officielle ne vienne rassurer l’opinion publique algérienne. L’absence de Lamamra à la réception du Haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell, par le premier ministre Aimene Benabderahmane, a fini par confirmer que quelque chose de sérieux est en train de se passer dans les coulisses du pouvoir.
En l’absence d’une communication officielle digne de l’évènement, les rumeurs vont bon train. Un pseudo-journaliste devenu un vil indicateur des services marocains, après avoir été durant plusieurs années un agent des services du général Tartag qui l’ont chargé en 2018 de « vendre » le cinquième mandat de feu Bouteflika en France, a lancé le canular selon lequel Ramtane Lamamra serait devenu une « persona non grata » dans les allées de la présidence algérienne en raison de sa « kabylophilie » présumée.
Dans la réalité, la disparition des radars de Ramtane Lamamra est liée à une véritable affaire d’Etat que certains dignitaires du régime cherchent à étouffer dans l’espoir de trouver un compromis entre le président de la république et le ministre des affaires étrangères. L’affaire aurait commencé avec la décision du président e la république de refuser la liste des nominations à des postes diplomatiques proposée par le ministre des affaires étrangères et ce, conformément aux prérogatives que lui confère la Constitution. Le motif qui expliquerait le refus du président de la république de cette liste est qu’elle aurait été confectionnée sur une base « clientéliste » étroite et douteuse. Pour les fonctionnaires du ministère des affaires étrangères, il n’y a rien de surprenant. Lamamra n’est pas à son premier impair. Il a déjà été remercié de son poste de secrétaire général du MAE en avril 2008 pour les mêmes raisons.
Au demeurant, le président de la république a le droit souverain d’accepter ou de refuser des nominations aux postes de haute responsabilité de l’Etat. En cas de refus, le ministre a la possibilité soit de confectionner une nouvelle liste soit de présenter sa démission. Mais ce n’est pas ce que Lamamra a fait. Il a préféré rester chez lui en montrant, hélas, le peu de respect qu’il a pour les lois et les coutumes en vigueur dans son pays. Lamamra a pris ainsi le risque de compromettre gravement le fonctionnement normal d’une institution souveraine qui est appelée à jouer un rôle crucial dans la présente conjoncture où l’Algérie doit faire face à des défis extérieurs majeurs. Selon les observateurs, Lamamra ne se serait pas comporté ainsi s’il n’a pas été encouragé par un clan qui se croit toujours puissant et qui veut absolument reconquérir par des voies de fait le pouvoir qu’il a perdu en s’appuyant sur ses complices au sein des appareils d’Etat (ceux-là mêmes que le président Tebboune pointe régulièrement du doigt quand il parle des bureaucrates qui freinent ses réformes) et dans le microcosme politico-médiatique algérois et sur son inféodation aux capitales occidentales qui parient sur Lamamra pour les présidentielles de 2024.
Mohamed Merabet