La ligue des étudiants algériens contre Benghebrit

En marge de son université d’été qui a rassemblé à Tlemcen quelques 700 étudiants, la Ligue nationale des étudiants algériens a tenu à rappeler dans une déclaration publique que les constantes nationales constituent une ligne rouge à ne pas dépasser. Le syndicat étudiant réagit ainsi au projet de la ministre de l’éducation nationale, Nouria Benghebrit, visant à porter atteinte au statut de la langue nationale.

En prenant cette position, la Ligue nationale des étudiants algériens rejoint ainsi la mobilisation des syndicats enseignants et des associations de parents d’élèves qui n’ont pas cessé de fustiger le projet de Benghebrit depuis sa divulgation dans le cadre de la conférence sur l’évaluation de la réforme du système éducatif.

L’opposition des syndicats et des parents d’élèves a été renforcée récemment par les prises de position de plusieurs partis, y compris les partis au gouvernement comme le FLN et le RND. Seuls les partis berbéristes connus pour leur hostilité viscérale à l’égard la langue arabe continuent de soutenir logiquement Benghebrit, en compagnie de leurs alliés de gauche et d’extrême-gauche (MDS, PT, PST) qui sont encore à opposer l’ « arabe algérien » (qui serait la langue du peuple) à la langue arabe classique (qui serait la langue de la religion). Cependant, cette rhétorique populiste ne cache guère la préférence de ces courants pour la langue française soit par complexe à l’égard de la langue arabe qu’une partie de leurs cadres ne maîtrisent tout simplement pas soit par tribalisme kabyle. 

La mobilisation sociale, politique et intellectuelle qui est en train de se développer contre le projet de Benghebrit est telle que la ministre de l’éducation nationale risque d’être bientôt lâchée par le gouvernement qui craint par-dessus tout une rentrée scolaire agitée. Syndicats et associations de parents d’élèves semblent décidés à maintenir leur mobilisation jusqu’au retrait de ce projet d’inspiration coloniale.