L’armée algérienne a-t-elle tranché en faveur du second mandat du président Abdelmadjid Tebboune ?
11.01.2024. En mettant en avant les performances réalisées ces dernières années par le président Tebboune dans le cadre de l’édification de la « nouvelle Algérie », l’organe officiel de l’armée algérienne, « El Djeïch », a-t-il lancé, un an avant l’heure, la campagne pour le second mandat ?
« Tous les acquis obtenus jusqu’ici, tant sur les plans constitutionnel que politique, économique ou social, ont confirmé la justesse de l’option choisie par Monsieur le Président de la République comme voie réformatrice pour l’édification de l’Algérie nouvelle » peut-on lire dans l’éditorial du dernier numéro de la revue « El Djecich », l’organe officiel de l’armée nationale populaire. Selon la revue El Djeïch, « ce qui a été accompli en quatre années, à ces différents niveaux, est porteur d’espoir et appelle à poursuivre sur cette voie, à pas sûrs et confiants, dans la mesure où tous les indicateurs et données laissent apparaître, sans le moindre doute, que notre pays se développe rapidement, comme l’a indiqué Monsieur le Président de la République«
La revue affirme, dans ce contexte, que « notre pays œuvrera avec détermination, dans la prochaine étape, à concrétiser les objectifs fixés consistant en une véritable renaissance économique, en imprimant une forte impulsion à l’économie nationale, à travers les programmes de développement stratégique déjà lancés et qui seront renforcés par l’entrée en service du projet de numérisation, à la fin du premier semestre 2024« . Au plan de la politique étrangère, la revue assure que l’Algérie « restera fidèle à ses principes immuables inspirés de sa glorieuse Révolution et des valeurs humanitaires et veillera, durant son mandat de membre non permanent du Conseil de sécurité, à assurer la défense de l’Afrique et des justes causes dans le monde, notamment les causes palestinienne et sahraouie« .
Si personne ne peut nier les acquis enregistrés par l’Algérie en matière de développement économique et social durant les quatre dernières années, cela autorise-t-il pour autant l’organe de l’armée algérienne à faire dans la propagande la plus grossière en faveur du second mandat du président Tebboune alors que nous sommes encore à un an avant l’échéance électorale ? Est-ce le rôle de la revue de l’armée de faire le bilan de la première mandature du président sortant ? Le président Tebboune a parfaitement le droit de faire l’éloge de ses réalisations et de se porter candidat pour un second mandat comme l’y autorise la Constitution. Ses partisans ont le droit de chercher à convaincre les Algériens qu’il est le meilleur candidat à sa propre succession. Mais l’armée n’a pas à faire cela. Ce n’est pas son rôle constitutionnel. Certes, elle doit défendre la stabilité de l’Algérie. Mais cette stabilité ne concerne pas les personnes, elle concerne les institutions de l’Etat algérien. Bien entend, il reste encore de longs mois avant l’échéance présidentielle et d’ici là tout peut arriver.
Mohamed Merabet