Le CEREFE constate l’échec des programmes nationaux d’energies renouvelables

Le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE) a analysé, dans son premier rapport annuel, les raisons d’ « échec » des différents programmes de développement des énergies renouvelables en Algérie, lancés depuis une décennie, et qui ont connu des résultats « insignifiants » avec seulement 411 MWc installés. Les résultats de ces programmes sur le terrain « sont restés insignifiants à ce jour. Les raisons d’un tel échec étant assez faciles à identifier du fait même de leur subjectivité: résistance au changement face à de nouvelles techniques et compétences, manque de suivi et d’évaluation », révèle le rapport. L’Algérie avait lancé en 2011 le Programme national de développement  des énergies Renouvelables et de l’efficacité énergétique (PNEREE) avec l’ambition d’atteindre un taux de 40 % de capacité de production d’électricité d’origine renouvelable à l’horizon 2030, en réalisant des installations dotées globalement de 22.000 MW, dont 10.000 MW seraient dédiés à l’exportation. Toutefois, « le planning de réalisation prévu n’a jamais été suivi dès la première étape. En effet, sur l’ensemble des projets pilotes totalisant les 110 MW prévus, seules trois réalisations ont vu le jour avec une puissance globale de 36,3 MW », constate le CEREFE. Pour le reste, seul un programme totalisant 343 MWc de centrales solaires photovoltaïques a été lancé début 2014, sous forme de projet en EPC (En­gineering, Procurement & Construction), paShariket Kahraba wa Taket Moutadjadida (SKTM), filiale de production d’électricité de Sonelgaz, créée en avril 2013.

Motivée par les modifications notables dans le monde quant aux coûts d’investissement et de production d’électricité à base des diverses ressources renouvelables, le PNEREE a été réadapté en 2015. Cependant, « avec le recul, on observe qu’à ce jour (2020), au même titre que la première version du programme, le planning tracé n’a été ni suivi ni même vu un début d’application quelconque », est-il noté dans le rapport précisant que le seule projet visible était celui de Sonatrach qui a mis en service, en 2018, une première centrale solaire photovoltaïque de 10 MWc à Bir Rebaa Nord (Ouar­gla). Parallèlement au PNEREE, l’ancrage juridique régissant le domaine des énergies renouvelables a été renfoncé en 2014 par l’introduction du concept des « tarifs d’achat garantis », comme prélude à un appel à investisseurs dans des installations solaires photovoltaïques de puissances entre 1 et 10 MWc, auxquels un contrat d’achat de leurs productions par le gestionnaire du réseau du transport est garanti sur vingt ans selon une grille de tarification « assez avantageuse ». Mais « la réalité a montré que le manque d’une préparation rigoureuse de cette initiative, résultant d’une résistance manifeste au changement de certains acteurs concernés, n’a pas permis sa mise en œuvre », a déploré le rapport expliquant que les rares investisseurs qui se sont aventurés à suivre cette procédure, « butaient sur le premier document demandé, soit l’autorisation de raccordement au réseau, qui reste un préalable de garantie incontournable ».

Alors que la procédure des tarifs d’achat garantis, « n’a donné lieu à aucun début d’exécution », une nouvelle procédure basée sur les appels d’offre est venue la remplacer avec la promulgation du décret exécutif n 17-98 du 26 Février 2017, ce qui a permis le lancement d’un nouveau programme de 4.050 MWc de solaire photovoltaïque. Mais au final, ce projet qui comportait en plus de la production d’électricité solaire photovoltaïque, un volet industriel d’accompagnement, « n’a jamais eu de suite et n’a fait l’objet d’aucun appel à investisseurs  depuis, malgré l’urgence signalée quant à sa mise en œuvre », écrit le CEREFE dans son rapport. Pour tenter de combler le « grand retard » enregistré dans le pays en matière de développement des énergies renouvelables par rapport aux objectifs fixés, notamment après l’échec du projet de 4.050 MWc, la CREG a été contrainte de lancer un appel d’offres beaucoup plus modeste, soit 150 MWc de solaire photovoltaïque. Seuls huit soumissionnaires sur 93 qui ont exprimé leur intérêt au départ ont présenté des offres et une seule proposition a été retenue suite à la sélection technique et financière, pour la réalisation de cinq centrales électriques photovoltaïques de 10 MWc chacune dans la région de Biskra. « Malgré le niveau assez modeste de l’appel d’offre en question, seul un tiers de la capacité proposée a pu trouver preneur, sans confirmation à ce jour du début des travaux », affirme Le CEREFE (APS)