Le milliardaire Issad Rebrab se positionne en victime
Dans un entretien au quotidien français Le Monde, le milliardaire Issad Rebrab est revenu sur son bras de fer avec le pouvoir. Concernant la plainte déposée par le Ministère de la communication mettant en cause la régularité de la transaction qui lui a permis de racheter la majorité des actions du groupe El Khabar, Issad Rebrab affirme : « Nous n’arrivons pas à nous expliquer cette situation. Nous avons respecté scrupuleusement les lois et la réglementation algériennes concernant cette acquisition. L’acte a été approuvé, non seulement par nos juristes, mais aussi par le notaire qui a enregistré la vente : s’il y avait eu un problème juridique, il n’aurait pas pu réaliser l’acte, encore moins le publier. Du point de vue du droit, nous sommes sereins. Si la justice est réellement appliquée, nous n’avons aucun problème. Si elle est instrumentalisée, c’est une autre affaire. »
Au journaliste qui lui demande si l’attitude du pouvoir pouvait s’expliquer par son opposition au président Bouteflika, Rebrab répond : « Je ne me suis jamais immiscé dans la question du quatrième mandat. Mon inquiétude, c’est surtout le développement économique de l’Algérie. Nous ne sommes pas les seuls à être ainsi freinés. Les investisseurs qui veulent investir en Algérie et qui ne sont pas proches du pouvoir en souffrent aussi. » A l’interpellation du journaliste qui lui rappelle ses déclarations passées selon lesquelles « les décideurs ne sont pas prêts à laisser un Kabyle accéder au sommet… », Issad Rebrab répond : « Ce n’est pas tout à fait cela. D’ailleurs, le directeur de cabinet de la présidence de la République est un Kabyle. Et dans le domaine économique, il y a des Kabyles, tel que le président du Forum des chefs d’entreprises, qui sont dans le sérail. Ce n’est pas un problème de régionalisme, c’est plutôt une affaire de soumission : le pouvoir n’aime pas et ne supporte pas les hommes indépendants et libres. »
Les observateurs estiment que c’est une bonne chose qu’Issad Rebrab ait rejeté l’explication qui circule sur le net suivant laquelle il serait mis en cause en raison de ses origines kabyles. Cette rumeur est d’autant plus fausse que la plupart des milliardaires qui ont poussé comme des champignons ces dernières années à l’ombre du système rentier sont issus de cette région. Les déclarations de Rebrab font dire aux observateurs que le bras de fer entre ce milliardaire et le pouvoir cache tout simplement un affrontement politico-financier pour le partage de la rente entre des groupes aux ambitions similaires. Les observateurs se demandent comment Rebrab aurait-il pu constituer une fortune de plusieurs milliards de dollars en quelques années s’il n’avait pas des alliés au sein de ce même pouvoir tant décrié.