Le président Tebboune reconnaît que l’Algérie subit actuellement un encerclement de tous les côtés
23.03.2023. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a profité de son entretien avec la chaîne qatarie Al Jazeera pour réaffirmer les grandes lignes de la diplomatie algérienne dans un contexte régional et international qu’il a qualifié de « complexe ».
Le Président Tebboune a abordé dans une interview accordée à la chaîne d’information qatarie « Al Jazeera », les relations diplomatiques de l’Algérie au double plan régional et international, affirmant que l’Algérie était un Etat « pacifiste » qui œuvre à évoluer dans un contexte marqué de plusieurs défis sécuritaires le long de ses frontières « menacées » et dans son entourage géographique, notamment dans cette conjoncture internationale « complexe ». Le Président de la République a qualifié, dans ce cadre, les relations qui lient l’Algérie à la Russie de « bonnes », faisant savoir qu’il effectuera une visite à Moscou en mai prochain, à l’invitation du président russe Vladimir Poutine. A la question de savoir si les relations qui lient l’Algérie à la Russie ne dérangeaient pas les Etats-Unis, le chef de l’Etat a déclaré: « Nous essayons de leur expliquer que notre appartenance n’est pas militaire et qu’il ne s’agit pas non plus d’un parti pris idéologique. Nous sommes un Etat neutre et nous nous considérons comme étant amis des Etats Unis. Le non-alignement est notre politique ».
Le président Tebboune n’a pas éludé la question relative aux différends diplomatiques qui opposent l’Algérie à plusieurs pays du voisinage à commencer par le Maroc dont il a dit que la situation est arrivée à un point de « non-retour » non sans rappeler que la question du Sahara occidental était avant tout une question de décolonisation et inscrite comme telle au Comité spécial des Nations unies. S’agissant des crises sécuritaires qui touchent directement plusieurs pays voisins, le président Tebboune n’a pas hésité à affirmer que « l’Algérie est pratiquement encerclée » sans donner plus de précisions à ce sujet. La situation est d’autant plus critique que l’Algérie doit faire face à l’alignement du gouvernement Sanchez sur la position marocaine et aux difficultés rencontrées avec le partenaire français. Même si le président Tebboune continue à cultiver l’espoir en ce qui concerne les relations avec la France qu’il a qualifiées d’ « ordinaires » même s’il a reconnu qu’elles évoluent parfois « en dents de scie », l’Algérie est bien obligée de faire avec un « environnement régional » des plus « complexes ». Seule l’Italie semble avoir les faveurs du président Tebboune qui a salué les relations entre les deux pays qu’il qualifie de « stratégiques ».
Les déclarations du président Tebboune à propos de « l’encerclement de l’Algérie » sont suffisamment graves pour susciter les interrogations des observateurs. Pour Mohamed Tahar Bensaada de l’Institut Frantz Fanon : « Même si la diplomatie algérienne est bien avisée quand elle réaffirme les principes de non alignement et de neutralité positive dans les relations internationales, il ne faut pas être dupes. Les propos sur l’amitié avec les Etats-Unis et l’Europe ne doivent pas cacher les pressions que subit l’Algérie de la part de ces puissances impériales dont l’ingérence est pour partie responsable de la situation sécuritaire qui prévaut dans le voisinage de l’Algérie. Mais le plus inquiétant est qu’on ne voit pas jusqu’à présent une stratégie claire de la part de l’Algérie pour faire face à toutes les menaces auxquelles elle est confrontée. » L’analyste algérien pose plusieurs questions pertinentes : « L’Algérie exploite-t-elle comme il faut les possibilités que lui offrent les relations « stratégiques » avec l’Italie et la Chine ? Qu’attend l’Algérie pour passer à une vitesse supérieure dans son partenariat avec un pays comme l’Iran avec lequel elle partage une commune volonté d’indépendance ? L’Algérie continuera-telle à craindre plus longtemps la réaction américaine alors que l’Arabie saoudite et les autres pays du Golfe sont en train de renouer leurs relations avec l’Iran ? Que fait la diplomatie algérienne, et par ricochet le Renseignent algérien, pour anticiper et contrer les tentatives d’infiltration israélienne dans les pays voisins, pays qui subissent des pressions de la part de Washington, de Bruxelles et d’autres capitales européennes pour normaliser leurs relations avec l’Etat d’Israël ? Que compte faire le commandement de l’ANP pour anticiper et répondre à la nouvelle donne géostratégique régionale marquée par l’arrivée imminente de nouvelles armes qualitatives au Maroc qui demandent une réadaptation des postures organisationnelles, logistiques et tactiques ? » (Algérie solidaire)