Une délégation américaine de haut rang en visite à Alger dans le cadre du « dialogue sécuritaire »
06.06.2023. Une délégation américaine composée de trois hauts responsables a séjourné les 5 et § juin à Alger dans le cadre du « dialogue sécuritaire » existant entre les deux pays. Au centre des discussions algéro-américaines, il y a lieu de noter la lutte conjointe contre le terrorisme, y compris dans sa dimension en rapport avec le blanchiment d’argent.
La délégation américaine était composée de : Anna Morris, sous-secrétaire adjointe aux Affaires internationales au département américain du Trésor, Gregory D. LoGerfo, coordonnateur adjoint pour la lutte contre le terrorisme au Bureau de la lutte contre le terrorisme du département d’État, et David A. Cate, directeur de la politique africaine au sein du département de la Défense. Lors d’une conférence de presse à l’ambassade des États-Unis à Alger, les membres de la délégation ont souligné l’importance accordée par l’Algérie à la sécurité dans la région, en particulier au Sahel, et à la lutte contre le terrorisme. Les discussions ont été axées sur « la recherche conjointe d’une région prospère et sécurisée. »
Gregory D. LoGerfo a notamment déclaré : “Nous avons eu une session de dialogue sécuritaire avec des responsables algériens, notamment le général-major Abdelhafid Bakhouche, Directeur des relations extérieures et de la coopération (DREC) au ministère de la Défense nationale, ainsi qu’avec des représentants du ministère des Finances”. Anna Morris, chargée d’une mission de lutte contre le financement du terrorisme, a salué la politique algérienne visant à améliorer la lutte contre le financement du terrorisme et à protéger le système financier international. Elle a félicité le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), M. Sid Ahmed Saïdi, pour les mesures mises en place. Alors que la qualité des responsables américains ne fait aucun doute que l’objet de leur mission était de nature strictement sécuritaire, des journalistes algériens n’ont pas hésité à poser une question en rapport avec la possibilité d’acquisition d’armements américains par l’Algérie, ce à quoi le responsable américain, David A.Cate a répondu diplomatiquement en affirmant que « les discussions à ce sujet n’ont jamais cessé« .
Interrogé à ce sujet, Mohamed Tahar Bensaada, de l’Institut Frantz Fanon, a réagi en affirmant : » Le dialogue sécuritaire entre l’Algérie et ls Etats-Unis s’apparente malheureusement à une partie de poker menteur. Certes, les deux parties ont toujours collaboré dans le cadre de la lutte anti-terroriste et ce, depuis le tournant du 11 septembre 2001. Mais cela ne signifie pas que les deux parties ont le même agenda ni les mêmes perceptions d’un phénomène transnational aussi complexe. La collaboration sécuritaire entre les deux parties est nécessaire dans le cadre de la préservation de la sécurité internationale et dans le respect du droit international mais elle a des limites certaines. Comment en serait-il autrement lorsqu’on sait par exemple que pour l’Administration américaine les organisations de la résistance palestinienne sont des organisations « terroristes » au moment où cette même Administration peut faire preuve d’une grande complaisance à l’égard d’autres organisations et activités, en Afrique et au Moyen Orient, qui relèvent de la définition la plus courante qu’on peut donner du terrorisme ? Le timing du déplacement de la délégation américaine à Alger, qui coïncide avec le début de l’exercice conjoint maroco-américain sur le territoire du Maroc et du Sahara occupé avec la participation d’un détachement de l’unité Golani de l’armée israélienne, laisse perplexe. Quant aux médias algériens qui pérorent sur l’éventualité de l’acquisition d’armements américains dans le cadre de la diversification des fournisseurs de l’Algérie, ils devraient d’abord commencer par interroger les dirigeants algériens sur l’incompréhensible hésitation à se tourner plus sérieusement vers des fournisseurs autrement plus disponibles comme la Chine, la Turquie, l’Italie et d’autres pays européens. » (Algérie solidaire)