Les médias marocains spéculent sur un « printemps arabe » en Algérie
Les médias marocains, qui font de la propagande anti-algérienne leur fonds de commerce numéro un, ne chôment pas ces derniers jours. Et pour cause, les manifestations hostiles au cinquième mandat constituent du pain béni pour les médias marocains. Même si ces manifestations drainent peu de monde jusqu’à présent, la manifestation la plus importante qui a eu lieu à Kherrata, a rassemblé quelques centaines de personnes et le rassemblement qui a eu lieu dimanche dernier à Paris a drainé tout au plus un millier de manifestants selon ses propres organisateurs, le site 360ma, réputé proche des services marocains, n’hésite pas à spéculer sur un « printemps arabe » en Algérie. Sous le titre accrocheur : » Algérie : les services secrets se préparent à un printemps algérien à cause du cinquième mandat », le site marocain écrit : « Unités anti-émeutes, armée nationale populaire et bien-sûr services de renseignement: tout ce que l’Algérie compte en forces de sécurité et de défense est en état d’alerte afin de prévenir d’imminents troubles. Les forces de sécurité algériennes craignent que la rue ne devienne incontrôlable à cause des appels incessants à manifester les 22 et 24 février courant contre le projet de cinquième mandat de Bouteflika. Par conséquent, les autorités algériennes ont demandé à l’ensemble du personnel des forces de l’ordre de suspendre ses congés et de ne bénéficier que d’un jour de repos durant le week-end…L’armée nationale populaire (ANP) a pris les mêmes dispositions à cause de la crainte de ce qui pourrait ressembler à un printemps arabe version algérienne« .
Pour les observateurs, il est normal que les tensions engendrées par l’approche de l’élection présidentielle suscitent l’intérêt des médias à la solde des puissances étrangères qui ont des comptes à régler avec l’Algérie. Les médias marocains ne sont pas les seuls à suivre avec attention ce qui se passe actuellement en Algérie avec une tendance à grossir toutes les manifestations hostiles au cinquième mandat. Des médias français, arabes et algériens qui partagent les mêmes intérêts sont également mobilisés à cette fin. Les observateurs notent la curieuse convergence des médias appartenant pourtant à des mouvances idéologiques opposées lorsqu’il s’agit de s’en prendre à l’Algérie. Pour justifier ses dires, le site marocain 360ma cite deux sources : le quotidien Algérie patriotique, propriété d’un des fils du général Khaled Nezzar, connu pour son hostilité viscérale au président Bouteflika et pour son accointance avec les généraux dits « éradicateurs » qui n’ont toujours pas digéré le fait d’avoir été écartés du pouvoir dans le sillage de la loi sur la « réconciliation nationale » et le quotidien Al Araby al Jadid, un journal électronique de tendance islamiste financé par le Qatar.
La convergence de ces deux mouvances idéologiques extrêmes contre le cinquième mandat n’étonne pas les observateurs. Le Maroc est un Etat dont les liens avec les puissances occidentales et Israël sont un secret de polichinelle mais le gouvernement marocain actuel est constitué d’une coalition dirigée par le Parti de la justice et du développement (PJD-Frères musulmans), ce qui permet aux services secrets de ce pays de jouer sur les deux tableaux et de mobiliser contre l’Algérie des groupes et des médias appartenant à des mouvances idéologiques apparemment opposées. Dans leur stratégie de désinformation et de déstabilisation contre l’Algérie, les services marocains vont tenter de travailler dans deux directions : d’un côté, ils chercheront à faire fléchir la position des islamistes algériens qui ont choisi pour le moment une attitude prudente et responsable en refusant de faire appel à la rue, de l’autre, ils tenteront de manipuler les partis dits « démocrates » qui appellent au boycott via les plateformes communes dans lesquelles les militants algériens de la mouvance « démocrate » et berbériste côtoient des éléments de la gauche marocaine.
Mohamed Merabet