Energies renouvelables : La douche froide du professeur Chitour
La dernière intervention publique sur les ondes de la chaîne 3 de la Radio nationale du ministre de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, le professeur Chems Eddine Chitour, a eu l’effet d’une douche froide sur tous les citoyens qui espéraient que l’Algérie allait enfin s’atteler à réaliser un plan ambitieux dans le cadre de la nécessaire transition énergétique. Le projet de 4000 MW qui devait être lancé au cours de cette année est tout simplement enterré. L’Algérie se contentera de deux nouveaux programmes de production d’électricité à base d’énergie solaire, de 500 mégawatts chacun. « Dans l’immédiat nous avons 150 mégawatts qui sont dans le pipe et pour lesquels des appels d’offres ont été soit lancés soit en voie de l’être. Ensuite nous allons proposer deux programmes de 500 mégawatts chacun, ce qui va nous permettre de choisir nos partenaires« , a avancé le ministre sur les ondes de la chaine 3 de la Radio nationale. Le ministre à expliqué que l’Algérie ne comptait pas réaliser des grandes centrales électrique fonctionnant à l’énergie solaire mais plutôt investir dans « des petites centrales un peu partout ». « Nous n’allons pas faires des centrales de 1.000 mégawatts. Nous allons mettre en place des petites centrales de 50, 100 ou 150 mégawatts en fonction de la demande des secteurs », a-t-il dit. Et même pour ces deux projets, rien n’est sûr puisque » Il va falloir cependant trouver les financements nécessaires » selon le ministre.
Pour réaliser ces deux projets moyens, l’Algérie mise sur ses grands partenaires étrangers leaders dans les énergies renouvelables, notamment la Chine, l’Allemagne et les Etats-Unis. Une fois convaincus par l’investissement dans les programmes du renouvelable en Algérie, les futurs partenaires pourront être « payés avec les fonds épargnés grâces aux économies faites en termes de consommation de gaz naturel ». « Nous allons dire à nos partenaires étrangers que nous allons vous payer avec le gaz naturel non consommé », a-t-il dit. Plus explicite, il précise qu’une centrale thermique de 1.000 mégawatts consommait autour de 1,5 milliard de m3 de gaz/an tandis qu’une centrale solaire de 1.000 mégawatts en consomme 500 millions de m3 gaz/an en moins. Cette économie en gaz sera donc vendue et permettra au pays d’engranger 200 millions de dollars/an, a-t-il soutenu. « Et ce sont des fonds que nous allons utiliser pour financer, en partie, notre plan d’énergie renouvelable« , a-t-il expliqué en insistant sur la nécessité de mettre en place un vrai modèle énergétique pour définir clairement les perspectives à l’horizon 2030.
Interrogé sur le programme sectoriel, prévoyant la production de 4.000 MW d’ici à 2024, Pr Chitour a laissé entendre que la réalisation d’un programme aussi gigantesque n’était pas programmée à moyen terme. « Franchement je n’en sais rien des 4.000 mégawatts et je n’aime pas les effets d’annonce« , a-t-il dit, préférant entamer la réalisation du plan des énergies renouvelables étape par étape, en commençant par des petites centrales, tout en recherchant les partenaires et les financements nécessaires. Depuis 2010, les capacités installées en énergies renouvelables en Algérie n’ont pas dépassé les 400 MW, selon un bilan provisoire du Commissariat aux Energies Renouvelables et à l’Efficacité Energétique (CEREFE). Selon Noureddine Yassaa, premier responsable de cette instance, les réalisations des capacités installées en énergies renouvelables en Algérie entre 2010 et 2019 sont évaluées à environ 390 MW, soit 1,8 % des 22.000 MW de la capacité totale à déployer à l’horizon 2030 dans le cadre du plan national de développement des énergies renouvelables, un plan qui ne pourra jamais voir le jour à la date fixée à moins d’un changement total d’optique au sommet de l’Etat.
S. Nasri