L’urgence d’un nouvel équipement individuel au sein des Forces terrestres
La dernière opération antiterroriste qui a eu lieu dans la wilaya de Tipaza a permis de lever le voile sur un problème récurrent que des observateurs n’ont cessé de pointer du doigt durant ces dernières années, à savoir le problème de la protection individuelle des hommes engagés en première ligne contre les groupes terroristes. En effet, si l’opération a été un succès opérationnel par l’élimination de six dangereux terroristes, le prix humain consenti par le détachement militaire impliqué est très lourd puisqu’il a été enregistré la perte de trois éléments tombés au champ d’honneur (Le sergent Mebarki Saadeddine, le caporal-chef Gaid Aichouche Abdelhak et le caporal Rachedi Mohamed Rabah auxquels les autorités ont tenu à rendre les honneurs militaires mérités).
Les images montrées par la télévision publique ont révélé de graves carences. L’équipement individuel des hommes engagés sur le terrain n’est pas digne d’une armée moderne, surtout quand on sait que cette armée est aux prises avec le terrorisme depuis trois décennies et qu’elle a un budget annuel qui avoisine les 10 milliards de dollars. Pas de gilet pare-balles, des gilets porte-chargeurs déchirés, pas de porte radio, des boots à fermeture éclair avec des semelles fines comme pour une tenue de sortie, une bâche en plastique au lieu d’un filet de camouflage, etc. Cela fait des années que des anciens officiers ayant servi au sein des Forces terrestres tirent la sonnette d’alarme en réclamant notamment des véhicules adaptés (MRAP) et un équipement individuel digne de ce nom.
Certes, le risque zéro n’existe pas mais tout ce qui peut contribuer à minimiser ce risque pour la vie des soldats devrait être fait surtout que l’investissement n’est pas énorme comparativement aux dépenses consenties par l’ANP dans d’autres secteurs. Le sous-équipement individuel au sein des Forces terrestres est d’autant plus incompréhensible que ce corps a connu durant la dernière décennie un processus de modernisation remarquable par l’acquisition d’équipements russe et allemand de premier ordre (chars T90, BMP Terminator, Fox 2, Boxer, Nimr… ). La visite du chef d’état-major de l’ANP sur les lieux de l’affrontement a été bien reçue par les soldats et par tous les observateurs qui espèrent que cet intérêt sera suivi rapidement de mesures concrètes en vue d’accélérer la modernisation de l’équipement individuel des unités terrestres, à commencer par celles qui sont en première ligne dans la lutte antiterroriste comme cela a été fait pour les régiments des Forces spéciales. Le système allemand Gladius qu’on a pu voir récemment au sein du 104e régiment de manoeuvres opérationnelles (RMO) devrait être rapidement généralisé au moins aux régiments des commandos parachutistes qui appartiennent à la 17e Division Parachutiste qui sont souvent sollicités dans le cadre de la lutte antiterroriste.
A. Boussouf
