Sahara occidental : Aminatou Haidar dénonce le mutisme et l’inaction de la communauté internationale

08.06.2023. La présidente de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (Isacom), Aminatou Haidar, a dénoncé le mutisme et l’inaction de la communauté internationale face aux violations grandissantes de l’occupant marocain dans les territoires sahraouis occupés, soulignant que cet état de fait est à l’origine du scénario de guerre en vigueur depuis novembre 2020 et la répression sans précédent des militants sahraouis.

Dans un entretien accordé à la fondation suédoise Right Livelihood, la figure emblématique de la lutte sahraouie a indiqué que le scénario de guerre en vigueur dans les territoires sahraouis occupés depuis le 20 novembre 2020 est dû, « en plus de la violation par le Maroc du cessez-le feu, au silence et à l’inaction de la communauté internationale et des Nations unies ». « Pour ceux d’entre nous qui vivent sous occupation marocaine dans les zones occupées, la situation empire. En ce moment, je parle (avec l’ONG, ndlr) de chez moi et la police est à l’extérieur, mais mon cas n’est pas unique. Tous les militants et activistes sont assiégés par la police. Et bien sûr, ceci afin d’empêcher toute forme de protestation », a ajouté la militante sahraouie. Elle a précisé que ceci se produit « au vu et au su » des organisations internationales, dont la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), basée à « quelques mètres » de chez elle mais « qui ne fait rien », dénonce-t-elle.

« La situation s’aggrave, mais au moins maintenant nous avons établi des relations internationales, et nos voix se font entendre. Actuellement, j’envoie ce message de chez moi par votre intermédiaire, ce qui n’était pas possible auparavant », a-t-elle déclaré, notant que « grâce à ces connexions et à la puissance des réseaux sociaux et d’internet, les Sahraouis sont enfin entendus ». Sur la question de savoir comment l’identité sahraouie est visée par l’occupant, la récipiendaire du prix Nobel alternatif de Right Livelihood a fait savoir que « le Maroc a utilisé de nombreuses méthodes pour éliminer la culture sahraouie ». « L’occupant marocain a, entre autres, interdit la musique sahraouie, particulièrement le chant révolutionnaire dans les territoires occupés, effacé totalement la culture et les traditions sahraouies des programmes scolaires et produit des documentaires et films véhiculant la culture marocaine », a-t-elle indiqué.

Pour ce qui est de la symbolique du 50e anniversaire du déclenchement de la lutte armée sahraouie et de la création du Front Polisario, Aminatou Haidar a indiqué que ces 50 ans ont été certes marquées par la perte de beaucoup de martyrs sahraouis dans le champ d’honneur, mais ont été aussi synonymes de beaucoup d’acquis et de succès pour la cause sahraouie. « Ces cinq décennies ont conduit au développement d’une société sahraouie moderne qui accorde une grande importance à l’humanité, à la tolérance et à l’autonomisation des femmes, qui sont respectées et occupent des postes de premier plan dans tous les domaines », a-t-elle déclaré (APS)